1964 — Le photographe Cody Ellingham explore l’architecture des premiers Jeux olympiques de Tokyo

1964, un sentiment d’inachevé.

Parmi les édifices modernes des Jeux olympiques de Tokyo que l’on peut voir ici, il y a un oubli impardonnable, un monument qui a marqué toute la génération du Nouveau Japon, celle qui a vu Yoshinori Sakai, le porteur de torche, apporter la flamme olympique à Tokyo. Cet édifice, c’était le Stade National.

Bâti en 1958 et conçu par Teruo Katayama, cet emplacement était réservé aux cérémonies d’ouverture et de fermeture des Jeux. Il fut démoli en 2015 et tomba peu à peu dans l’oubli.

Ses vestiges – le Gymnase National Yoyogi (de l’architecte Kenzo Tange), le terrain de sports du Parc Olympique de Komazawa (des architectes Yoshinobu Ashihara et Murata Masachika), et le Nippon Budokan de Mamoru Yamada – sont faits d’un béton qui semble inaltérable. Pourtant, ils sont tout aussi éphémères que le sable et l’eau qui les constituent.

Les bâtisses de 1964 émergent du silence des ténèbres, mêlant la lumière éclatante de l’aube naissante à la gloire infinie du soleil couchant. J’ai suivi les traces du cinéaste Kon Ichikawa, dont le documentaire datant de 1965, Tokyo Olympiad, m’a invité à voir les constructions telles qu’elles étaient, et à les photographier pour ce qu’elles sont : des arcs et des lignes de modernité dans l’inéluctable été de la région d’Heisei.

Les Jeux Olympiques de 1964 à Tokyo ne furent qu’un instant dans le temps, mais cette fulgurance estivale restera toujours dans la mémoire de ceux qui y assistèrent. Pour nous autres, seul un béton éreinté subsiste.