La célébration de l’individualité par Hochoul Lee

Dans “A Second in Thousands”, l'artiste conceptuel critique les effets de la mondialisation et révèle la singularité cachée dans le système.

21.10.2020

TexteEleanor Parsons

Courtesy of the artist

Le projet A Second in Thousands (Une seconde parmi mille) de Hochoul Lee à la Daiwa Anglo-Japanese Foundation de Londres, est une série entamée en 2019. L’artiste y met en lumière la notion négligée d’individualité, dans un monde qui devient de plus en plus homogène. Cette série, qui peut être vue sur le site internet de l’artiste, est une forme de commentaire sur notre tendance moderne à oublier le caractère unique des éléments, alors que nous « traitons sans cesse des informations complexes ».

Artiste multimédia japonais originaire de la préfecture d’Aichi et désormais basé à Londres, Hochoul Lee est connu pour ses installations qui mettent au défi la conscience moderne. Son exposition de 2015, We Rotate in the Jelly (Nous tournons dans la gelée), par exemple, présentait des modèles immergés dans de la gelée dans une exploration de la perception de l’espace, des univers intérieur et extérieur. Privilégiant des matériaux historiques, primitifs et accessibles, son œuvre comprend autant des peintures à l’huile bidimensionnelles et des installations utilisant du sable que des performances, où le processus de fabrication fait partie intégrante de l’œuvre elle-même.

Les matériaux et les concepts utilisés par l’artiste sont répandus dans le monde entier, défiant les frontières culturelles. En utilisant ces bases universelles pour explorer les fondements de la forme, Hochoul Lee vise à reconnaître l’importance de l’individualité. Avec une approche de l’art conceptuel qui n’est ni uniquement japonaise ni uniquement occidentale — il a étudié le moulage artisanal du métal à l’Université des Arts de Tokyo et la sculpture au Royal College of Art de Londres — sa pratique est tout à fait unique.

 

La singularité dans l’uniformité

Dans A Second in Thousands, Hochoul Lee crée des œuvres qui, au premier regard, peuvent sembler homogènes mais qui, à y regarder de plus près, sont extrêmement variées. Une de ses toiles est, par exemple, criblée de nombres peints à l’huile par l’artiste et représentant des secondes dans le temps. Ces nombres indiquent le moment exact où chaque segment de la toile sera modifié. Bien que réalisé avec la même technique, chaque coup de pinceau résulte en une texture différente, donnant à chaque seconde sa propre individualité.

Dans une interview à Pen, l’artiste explique : « Je crée ces nouvelles textures en temps réel, de façon synchronisée et métronomique. L’heure exacte est estampillée sur ces œuvres, non seulement comme un repère pour ma performance, mais aussi comme un nom pour l’œuvre individuelle, exprimant ainsi sa singularité ». Son approche reflète la manière dont le monde « devient rapidement universel, de sorte que chaque tradition et culture est remixée de façon complexe par chaque artiste ».

 

Un clin d’œil aux formes naturelles

Au sein de la même série, l’artiste fracture méthodiquement rang après rang des briques d’argile soigneusement disposées, selon le battement en rythme d’un marteau en métal. Les motifs qui en résultent peuvent sembler aléatoires, mais la recherche de lignes et de formes aussi complexes découle en fait d’une fascination depuis l’enfance pour les formes que l’on trouve dans la nature. Son art est donc à la fois organique et très méthodique, uniforme et unique. Avec son approche hybride originale, Hochoul Lee poursuit sa quête pour relier les « concepts primitifs de l’existence » au « monde réel dans lequel nous vivons, à la fois socialement et politiquement ».

 

A Second in Thousands (2019), une série de peintures et d’installations de Hochoul Lee, disponible sur son site Internet et sur celui de la Daiwa Anglo-Japanese Foundation.

Courtesy of the artist

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Courtesy of the artist

Courtesy of the artist

'A Second in Thousands', 2020, sand, clay, wooden frame, hammer, courtesy of the artist.