“Aya”, la naissance d’une amitié capturée sur pellicule
La photographe Francesca Allen a passé un mois au printemps 2017 avec la musicienne japonaise Aya Yanase et en a tiré un ouvrage.
©Francesca Allen
Au printemps 2017, la photographe britannique Francesca Allen, née en 1993, a passé un mois avec une musicienne japonaise, Aya Yanase. Ainsi est né Aya, un ouvrage qui retrace cette amitié singulière, aussi nouvelle qu’intense.
Aya, née en 1994, plus connue sous le nom d’Aya Gloomy, fait partie du label Big Love Records (une figure de la scène indépendante tokyoïte). Les deux jeunes femmes s’étaient brièvement rencontrées un an plus tôt, par l’intermédiaire d’une connaissance en commun. Francesca Allen se trouvait alors au Japon pour deux semaines — officiellement en vacances, officieusement à la recherche d’inspiration.
L’image pour seul langage
Tombée sous le charme d’Aya, Francesca est retournée la voir au printemps 2017, pour en faire le sujet principal de son livre. Aucune ne maîtrisant la langue de l’autre, les deux jeunes femmes ont dû trouver des moyens de communication alternatifs. Au cours du mois passé ensemble, principalement en silence (avec pour seule entorse, dans les cas d’urgence, l’utilisation d’une application de traduction), elles ont appris à se parler en images, en pointant du doigt ce qui les entourait.
Mais c’est par-dessus tout l’objectif de la photographe qui a su créer, entre elles, un lien à la fois fort et intime. Francesca s’est fondue dans les pas d’Aya et l’a suivie partout : chez elle en banlieue de Tokyo, chez sa grand-mère, lors de longues soirées chez ses amis… La sélection de photos mélange travail en studio et clichés plus spontanés, pris à un arrêt de bus ou dans la chambre d’Aya. En ressort, au-delà d’un joli portrait de la jeunesse japonaise, des images intimes d’une relation privilégiée. Une connexion si manifeste, dans chacune des photographies publiées, que l’ouvrage se passe d’explications : simplement intitulé Aya (éd. Libraryman), il a été tiré à 500 exemplaires numérotés.
Dans Aya, la photographe n’apparaît pas sur les images mais sa présence hante l’ouvrage. Son livre documente un processus et une parenthèse : une bulle de quelques semaines au cours desquelles les jeunes femmes n’ont eu qu’un objectif commun, celui de mieux se connaître. Francesca Allen travaille au quotidien pour des magazines comme Dazed, Riposte ou Vogue, où elle explore, le plus souvent, son rapport à la féminité. Son premier travail d’envergure, publié dans le magazine ID en 2015, documentait avec délicatesse l’adolescence de sa petite sœur.
L’amitié féminine sublimée
La photographe a décelé, dans sa rencontre avec Aya, un thème que le journalisme peine encore à explorer : l’amitié entre femmes. « On ne lui accorde pas le même crédit qu’à une relation amoureuse », explique-t-elle au British Journal of Photography, « mais je pense que ça peut, en fait, être beaucoup plus fort que ça ».
Ce lien particulier qui lie Francesca Allen à Aya ne se perçoit pas qu’à travers ses images. Elle se remarque, également, à travers les dessins et les notes manuscrites qui ponctuent le livre, écrites par Francesca et Aya. Les notes de ces dernières, en japonais, ne sont pas traduites. Une manière de préserver l’authenticité de ses écrits, mais aussi de conserver, d’une manière ou d’une autre, une petite part de secret dans cette relation surexposée.
Aya (2018), un livre de photographies de Francesca Allen, publié aux éditions Library Man.
©Francesca Allen
©Francesca Allen
©Francesca Allen
©Francesca Allen
©Francesca Allen
©Francesca Allen
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