Femme, sensualité et pieuvre version contemporaine

La série “Hysteric Ten” du photographe Hajime Sawatari revisite l’une des associations les plus sulfureuses de la création japonaise.

22.02.2021

TexteHenri Robert

© Hajime Sawatari. Courtesy of Michael Hoppen Gallery

Une femme, une pieuvre. Tel est le casting choisi par le photographe Hajime Sawatari pour la série Hysteric Ten (2004). Si ce duo rappelle immédiatement la célèbre estampe Le Rêve de la femme du pêcheur, réalisée en 1814 par Katsushika Hokusai, Hajime Sawatari décide ici de le revisiter. Il développe ce motif dans une série sensuelle, entre fantasmes, fiction et tabous.

L’artiste, né en 1940 à Tokyo, a débuté sa carrière alors qu’il était encore étudiant au Nihon University’s Department of Photography, College of Art. Il collabore alors en tant que photographe de publicité avec le Nippon Design Center, Inc. Son travail, toujours tourné autour des femmes et jeunes filles, a intégré les collections des plus importants musées japonais, tels que le Tokyo Metropolitan Museum of Photography, le Niigata City Art Museum, et le Kawasaki City Museum.

 

Douces ventouses

Publiée par la maison d’édition Hysteric Glamour, dans le cadre d’une série de 16 ouvrages — notamment consacrés à Daido Moriyama, Terry Richardson, Masahisa Fukase et Cindy Sherman —, la série Hysteric Ten est inspirée du shunga. Le terme signifie « images de printemps », un art érotique de la fin du XVIIème siècle à la fin du XIXème siècle popularisé par des artistes de l’école ukiyo-e et qui associe douceur et sensualité.

À la manière de Daikichi Amano et sa série Human Nature, dans Hysteric Ten, les pieuvres se déploient sur la tête du modèle dénudé, leurs ventouses se fondent sur son sexe, leur passage sur le corps laisse apparaître les marques d’une relation intense, passionnée, dont le désir partagé perturbe le public, qui hésite entre le malaise et le questionnement face à une imagerie surréaliste.

Comme le souligne le texte publié en 2018 à l’occasion de l’exposition de la série par la Michael Hoppen Gallery (NYC), « dans la société japonaise contemporaine, les poulpes ont été régulièrement utilisés à des fins érotiques. Les représentations vont de celles des manga et dessins animés les plus populaires, à l’utilisation de tentacules par l’enfant terrible de l’art Makoto Aida, dans son œuvre la plus célèbre, The Giant Member Fuji vs. King Gidora (1993), jusqu’au au genre hentai de la pornographie hardcore. »

Une autre facette du travail de Hajime Sawatari est à découvrir dans l’ouvrage Dark Eros de la photographe sino-singapourienne Jingna Zhang. Son œuvre est confrontée à celles de Kiyo Murakami, Chikashi Kasai et TRMN. Dans ce livre, la photographe présente une série sensuelle réalisée avec le modèle Tessa Kuragi.

 

Hysteric Ten (2004) de Hajime Sawatari, publié par Hysteric Glamour, est disponible sur la plateforme Shashasha.

© Hajime Sawatari. Courtesy of Michael Hoppen Gallery

© Hajime Sawatari. Courtesy of Michael Hoppen Gallery

© Hajime Sawatari. Courtesy of Michael Hoppen Gallery

© Hajime Sawatari. Courtesy of Michael Hoppen Gallery