La nuit, chaque vie suit son chemin, et Satoshi Kojima aussi

Les toiles de l’artiste témoignent d'un univers nocturne festif aux tons pâles qui se joue des repères du spectateur.

16.04.2021

TexteHenri Robert

“Mort à Crédit” (2019) - Courtesy of the artist and Bridget Donahue, NYC

Le premier résultat d’une recherche Google portant sur Satoshi Kojima révèle l’univers d’un catcheur japonais — que certains connaissent peut-être déjà. C’est pourtant d’un peintre dont il s’agit ici, et comme le note avec malice le grand artiste écossais Peter Doig à l’occasion d’une exposition à la Bridget Donahue Gallery, si le peintre « ne doit pas être confondu avec le lutteur du même nom, il y a parfois des croisements. »

Né en 1972, l’artiste japonais installé à Düsseldorf en Allemagne a rencontré Peter Doig dans le cadre de ses études à la Kunstakademie Düsseldorf, où il serait devenu l’un de ses étudiants favoris ; une anecdote qui lui colle d’ailleurs à la peau.

 

Balades nocturnes

Les grandes toiles de Satoshi Kojima plongent dans un univers aux codes singuliers, souvent sur des dancefloors — ou à proximité —, les tons pastels de ses œuvres mélangeant les influences. Inspiré par l’Op Art, l’artiste entraîne le spectateur dans un monde futuriste, se jouant des repères de son environnement. Ici, au milieu du surréalisme et du burlesque, le regard ne sait quel message chercher. Des chemins laissent des clubbers s’échapper vers un étrange territoire, un terrain de jeu alternatif.

Chaque toile associe un ou plusieurs personnages aux attitudes passives, festives, sexuelles, et aux styles coordonnés ou dissidents. Dans Mort à Crédit (2019), deux femmes sont représentées, l’une assise, dominant une seconde allongée dans une baignoire. L’œuvre XO (2019) montre une figure féminine allongée en travers de bandes peintes au sol qui recouvrent également son corps nu, l’intégrant ainsi dans le décor. Ces bandes bleues et blanches apparaissent dans la quasi totalité des œuvres de Satoshi Kojima, dans une élaboration qui pourrait évoquer le travail de Daniel Buren.

Le monde envoûtant, doux et à la fois perturbant et effrayant de Satoshi Kojima montre une palette d’activités nocturnes, irrationnelles, étranges, et les contacts qui y naissent. Comme le note Peter Malone dans un article pour Hyperallergic, les peintures de l’artiste « n’examinent pas les relations humaines — elles les caressent comme un ours caresse la nourriture d’un pique-nique. »

 

Le travail de Satoshi Kojima est à découvrir sur le site de la Bridget Donahue Gallery.

“XO” (2019) - Courtesy of the artist and Bridget Donahue, NYC

“Alice” (2018) - Courtesy of the artist and Bridget Donahue, NYC

“No Limit” (2019) - Courtesy of the artist and Bridget Donahue, NYC

“Blue Room” (2016) - Courtesy of the artist and Bridget Donahue, NYC