Les chats aussi souffrent de la norme
En photographiant les chats de concours, Hayato Wakabayashi va jusqu’à remettre en question la notion même de “naturel”.

“Standard” Copyright © 2020 · Hayato Wakabayashi
Exposés, détaillés, jugés… les chats subissent aussi la tyrannie de la norme. « Apparemment, lors des expositions félines, chaque animal est jugé par rapport aux normes de sa race », nous confie l’artiste. En 2015, il accompagne un ami à l’un de ces événements et vient à s’interroger sur les conventions animales. Un an après, il amorce sa série Standard où il réalise le portrait de ces chats de race au Japon.
Diplômé de l’école d’art Nihon University en 2003, Hayato Wakabayashi est aujourd’hui photographe indépendant. Avec ses clichés, il vise à resituer chaque participant de ces concours sur un pied d’égalité. Révéler leur beauté individuelle au-delà de la subjectivité, à l’inverse d’un jury. Sur fond uni, l’artiste les capture à la manière de pièces d’artisanat, mettant en valeur leurs caractéristiques physiques, leurs couleurs, leurs fourrures ou leurs courbes dans une scénographie épurée.
C’est le maître qui fait le chat
Pour définir sa sélection, l’artiste n’a pas pu rester dans l’objectivité pure et a dû choisir à son tour les espèces qu’il préférait prendre en photo. Il lui a fallu pour cela composer avec les différents maîtres. C’est à leur côté qu’il a réalisé que ces chats étaient finalement élevés pour correspondre à des caractéristiques bien particulières et idéalisées en fonction de leurs races : leur queue, la forme de leur tête, leur fourrure… Le regard humain porté sur l’animal prévaut alors sur ce qu’on pense être naturel. « Une relation causale éducative existe entre les éleveurs de chats et les chats. Ce qu’il est important de savoir, c’est quels chats l’éleveur compte élever », explique l’artiste.
Lorsque Hayato Wakabayashi réalise cette série, il apprend que sa femme est enceinte. Il ne peut alors s’empêcher de faire un parallèle entre l’élevage de ces chats et la façon dont les grossesses sont contrôlées mensuellement au Japon par un obstétricien-gynécologue. Que ce soit le pedigree d’un animal ou la naissance d’un enfant, le concept de « naturel » serait-il devenu illusoire ? « Les humains ne se reproduisent pas et n’accouchent pas naturellement non plus », insiste Hayato Wakabayashi. Une question qui occupe tout le travail de l’artiste. Que ce soit les fleurs, les océans et même les grottes, le photographe revient constamment à cet essentiel, notamment dans sa série Vanishing portée sur la force terrestre, et questionne sans cesse notre rapport à la nature.
Standard (2019), une série de Hayato Wakabayashi à découvrir sur son site internet.
“Standard” Copyright © 2020 · Hayato Wakabayashi

“Standard” Copyright © 2020 · Hayato Wakabayashi

“Standard” Copyright © 2020 · Hayato Wakabayashi

“Standard” Copyright © 2020 · Hayato Wakabayashi

“Standard” Copyright © 2020 · Hayato Wakabayashi
LES PLUS POPULAIRES
-
Casa Wabi, une fondation d’art engagée et un pont entre le Japon et le Mexique
Imaginée par un artiste mexicain et conçue par l'architecte japonaise Tadao Ando, elle veille à inclure la communauté locale dans ses projets.
-
L'érotisme futuriste de Hajime Sorayama
L’illustrateur est le précurseur d’un hyperréalisme mêlant la sensualité à la technologie, qui met en scène des robots sexualisés.
-
Les matriochkas russes sont originaires du Japon
Elles s'inspirent de poupées en bois de la région du Tohoku, au nord du Japon, et auraient été amenées en Russie à la fin du XIXème siècle.
-
Les estampes animalières d’Ito Jakuchu
Grand amateur d'oiseaux, l'artiste utilise ici une technique rare d'impression de pochoirs colorés sur fond noir, pour mieux les représenter.
-
PIGMENT, une boutique-musée dédiée au matériel d'art
Dans ce magasin conçu par Kengo Kuma, on vient aussi bien se ravitailler en équipement que contempler les couleurs exposées au mur.




