Les dessins d’Aya Takano illustrent une adolescence utopique

La dessinatrice japonaise signe, avec “Let’s make the universe a better place”, un éloge de la liberté et de la quête d’identité.

11.02.2021

TexteLou Tsatsas

© Aya Takano / Courtesy Galerie Perrotin

Les peintures et dessins d’Aya Takano illustrent un univers onirique, au cœur duquel notre réalité se mêle à une fiction poétique. Avec des traits fins, elle dessine des jeunes filles androgynes aux longs membres et aux grands yeux – reflets d’une certaine innocence, souvent déconstruite.

La dessinatrice et autrice de science-fiction est née à Saitama, en 1976. Inspirée par les estampes érotiques de la période Edo comme par les tableaux d’Art nouveau de Gustav Klimt, elle façonne un monde singulier et invente sa propre mythologie. Dans ses œuvres, créatures fantastiques et jeunes femmes se rencontrent, et peuplent un territoire utopique dans lequel les fées existent, et les êtres humains sont libres de voler où bon leur semble. Marquée par l’accident nucléaire de Fukushima, l’artiste s’attache à représenter une nature luxuriante, existant en harmonie avec les hommes.

 

« Suivez votre félicité »

Dans Let’s make the universe a better place, cependant, les paysages naturels laissent place à l’urbain. Inspirée par ses voyages dans des écoles pour filles en Corée, Aya Takano fait ici l’éloge de la liberté. Elle habite ses illustrations, et prend la place des jeunes filles qu’elle dessine pour imaginer un monde où leur individualité et leur bonheur domineraient. Au cœur de ses dessins, l’environnement s’efface, laissant place aux protagonistes, comme pour les pousser à exister. Évoquant les personnages d’anime, ses silhouettes interrogent : comment ces adolescentes forgent-elles leur propre identité ? Leur quotidien diffère-t-il de celui des adultes ? Que signifie être une femme ?

Tendres et colorés, les dessins d’Aya Takano ne s’attardent pas sur les doutes et les peurs qui assaillent les jeunes en pleine croissance, mais présentent plutôt des scènes merveilleuses. Fidèles à son esthétique, ses modèles androgynes symbolisent une période de transition, durant laquelle l’innocence, la joie, la naissance du désir ou encore la tolérance s’imposent comme des totems éclairant le futur. Dans cette série, les êtres vivants coexistent en paix, libres de mûrir comme ils l’entendent, au-delà des notions de genre et d’appartenance. Un univers paradisiaque inspirée par les mots du mythologue américain Joseph Campbell, qui écrivait « suivez votre félicité ».

 

Les illustrations d’Aya Takano sont à découvrir sur le site de la Galerie Perrotin.

© Aya Takano / Courtesy Galerie Perrotin

© Aya Takano / Courtesy Galerie Perrotin

© Aya Takano / Courtesy Galerie Perrotin

© Aya Takano / Courtesy Galerie Perrotin