Les pieds tokyoïtes, pour dépasser le portrait
Dans la série “Ashimoto”, le photographe César Ordóñez laisse les souliers à l'image révéler la personnalité des femmes qui les portent.

“Ashimoto” © César Ordóñez
Au sujet de cette série, les premiers mots que le photographe tient à prononcer sont les suivants : « Il est important de préciser que ce projet n’est pas du tout lié aux chaussures ou à la mode. » Selon César Ordóñez, chacune des parties du corps nous caractérise tout autant, et c’est dans cet esprit qu’il a choisi d’entamer en 2007 à Tokyo Ashimoto, une série de portraits peu communs.
L’artiste, originaire de Barcelone, a pendant des années articulé son travail entre photographie de mode, photographie commerciale et séries artistiques. Il concentre aujourd’hui son activité sur ces dernières, et s’intéresse notamment aux relations bilatérales qu’entretient notre corps et l’environnement dans lequel il évolue, et la façon dont cela influence notre rapport à l’intimité.
Ne dévoiler qu’une partie de sa personnalité
Le terme japonais ashimoto est polysémique. Ici, il peut être traduit par « autour des pieds », mais chacun pourra y voir une autre signification, un autre sens. Dans une mégalopole comme Tokyo, qui amène le public à envisager sa place de manière singulière, « ce projet interroge la notion d’intimité et le respect de notre “espace privé” dans les grandes villes », explique l’artiste à Pen.
Au-delà du cadrage, les photographies réunies dans Ashimoto allient des scènes en mouvement, d’autres statiques, en noir et blanc ou en couleur. Elles n’ont pas été préparées, construites. L’objet est ici de mettre en lumière des personnalités, le fruit de rencontres, humaines ou visuelles. « Ces œuvres traitent de ce qui n’est pas visible, de ce qui n’est pas montré, et de la manière dont on construit une idée avec une information simplement suggérée. C’est quelque chose de particulièrement lié à la culture japonaise », poursuit César Ordóñez.
Des styles urbains aux plus traditionnels, dévoilant des chaussettes hautes, des talons hauts ou ne laissant apparaitre qu’une partie du pied sous une robe à fleurs, les photographies présentées ici pourraient être considérées plus éclectiques qu’une série de portraits, tant chacune invite à deviner l’âge, la classe sociale, le style ou le caractère de la femme en question.
Ashimoto (2007-2013), une série de photographies par César Ordóñez à retrouver sur son site internet.

“Ashimoto” © César Ordóñez

“Ashimoto” © César Ordóñez

“Ashimoto” © César Ordóñez

“Ashimoto” © César Ordóñez

“Ashimoto” © César Ordóñez

“Ashimoto” © César Ordóñez

“Ashimoto” © César Ordóñez
LES PLUS POPULAIRES
-
« C’est un plaisir sincère que mes objets soient reconnus comme appartenant au cercle du Mingei »
Les couverts de laiton soigneusement façonnés par Ruka Kikuchi dans son atelier de Setouchi sont appréciés dans tout le Japon et ailleurs.
-
“Buto”, la danse des ténèbres révolutionnaire
Né dans un contexte d’après-guerre rythmé par des mouvements contestataires, cet art subversif rejette les codes artistiques traditionnels.
-
L'audace d'après-guerre du mouvement japonais Gutai
Ce courant incarne le renouveau de l'art japonais en apportant une importance considérable aux matériaux et à la performance.
-
Les hommes de bois de Nagato Iwasaki
Dans sa série “Torso”, l'artiste sculpte des statues d’hommes et femmes à partir de bois flotté, qu’il place ensuite dans la nature.
-
AD DESIGNLe nouveau siège social de Takeda : entre tradition et innovation
L'entreprise pharmaceutique Takeda, l’une des entreprises leader les plus anciennes du Japon. Elle a récemment établi son nouveau siège social à Tokyo.




