Quand le piège de l’adolescence se referme sur les jeunes filles

Les toiles de l’artiste Kazuhiro Hori dépeignent un univers sucré, onirique mais perverti par les représentations de la société japonaise.

19.05.2021

TexteHenri Robert

© Kazuhiro Hori

Le rapport des jeunes filles aux codes de la société japonaise et au patriarcat sont au cœur du travail du peintre Kazuhiro Hori. Les œuvres surréalistes de l’artiste représentent l’ambiguïté qui leur est propre, entre candeur et dépravation.

Diplômé du Kanazawa College of art, l’artiste, né en 1969, s’inspire dans son travail des estampes shunga, qu’il revisite avec les marqueurs du Japon contemporain. Il trouble ainsi le public, et l’interroge.

 

Adolescence, ambiguïté et violence

Les toiles de Kazuhiro Hori mettent en scène des jeunes filles dans des environnements colorés, remplis de peluches et de sucreries. Ces jeunes écolières sont vêtues du sailor fuku — un terme japonais désignant l’uniforme de marin, porté par les collégiennes et lycéennes japonaises. L’âge des personnages ne laisse pas l’ombre d’un doute. Elles sont jeunes et traversent une période où sont associés plaisirs propres à l’enfance et découverte de leur corps et de leur rapport aux autres. « Tout en exprimant la pureté, la jeunesse et la gaieté, la sexualité est évoquée », explique l’artiste dans une interview accordée au New York Optimist.

Ces jeunes filles semblent ici prisonnières. Enfermées dans un environnement, des addictions qu’on leur crée, une représentation très présente dans l’imaginaire national qui les écrase. Elles évoluent aux côtés de peluches, de bonbons, semblent absorbées, étourdies par ce qui les entoure, broyées par ces marqueurs, tandis que sont également discrètement représentés des symboles du vice, tels que des cigarettes ou des pilules. Le sombre tableau dressé par l’artiste se veut métaphorique ; de la confiture, rouge, sanguine, coule sur le visage des jeunes filles, impuissantes, qui sont happées par ces peluches qui deviennent des monstres. La représentation pop et naïve de l’adolescence, qui se dégageait au premier regard de ces toiles se transforme en une scène d’horreur.

 

Le travail de Kazuhiro Hori est à découvrir sur son compte Instagram.

© Kazuhiro Hori

© Kazuhiro Hori

© Kazuhiro Hori

© Kazuhiro Hori

© Kazuhiro Hori

© Kazuhiro Hori