Shin Yahiro documente la jeunesse d’après la catastrophe

Dans sa série réalisée en double exposition, le photographe part à la rencontre de jeunes ayant grandi dans la zone sinistrée en mars 2011.

25.06.2021

TexteClémence Leleu

Mana Shimizu 18 ans. Kesennuma, Miyagi. 15 février 2019 © Shin Yahiro

En 2019, Shin Yahiro initie la série To me who was a child at that time et dresse le portrait de jeunes adultes qui étaient entre l’école primaire et le lycée en 2011. Il les photographie avec une technique bien particulière : la double exposition, qui lui permet de composer des clichés avec d’un côté les jeunes protagonistes et de l’autre les paysages dévastés de la région du Tohoku.

Shin Yahiro est un photographe et réalisateur freelance, né en 1979. Spécialiste des sujets qui ont trait aux problèmes sociaux, aux conflits et aux catastrophes naturelles, il quitte l’archipel nippon après le 11 septembre 2001 pour voyager à travers le monde et travailler sa photographie, qu’il apprend en autodidacte. Moyen-Orient, Europe, mais aussi Irak, Afghanistan ou encore Tibet, Shin Yahiro multiplie les destinations avant de revenir à Tokyo. 



Une expérience pour trouver son chemin

« Ces enfants doivent vivre avec le fait qu’ils ont été touchés par le tremblement de terre et le tsunami, et qu’ils sont reconnus comme des victimes. Au Japon, il est courant que les gens parlent d’où ils viennent, même lorsqu’ils se rencontrent pour la première fois », indique Shin Yahiro. « Chaque fois qu’ils ont cette conversation, ils se sentent angoissés à l’idée d’être vus comme des survivants qui ont vécu une expérience douloureuse. Mais ils me disent qu’ils ne seraient pas là où ils sont aujourd’hui s’ils n’avaient pas vécu la catastrophe. Ils utilisent cette expérience pour trouver leur chemin. »

On découvre alors sur ces photographies aux airs de puzzle Yuzuki Satou, 19 ans, qui travaille pour la mairie de la ville d’Onagawa, où il habitait déjà lorsque le tsunami a frappé la côte, et qu’il n’a pas souhaité quitter malgré le faible taux d’emploi. Ou encore Ai Suzuki, 21 ans, qui a quitté la préfecture de Fukushima pour étudier l’art à l’université de Tokyo et qui confie son désarroi devant sa mémoire qui efface peu à peu les souvenirs de ce qu’était sa ville avant l’accident nucléaire. Shin Yahiro multiplie depuis 2011 les projets relatifs à la catastrophe de mars 2011. Il signe notamment deux autres séries sur ce thème : Tsunami 2011 et fukushima

 

To me who was a child at that time (2019), une série de photographies par Shin Yahiro à retrouver sur son site internet.

Kazuki Saitou, 17 ans. Otsuchi, Iwate. 19 février 2019 © Shin Yahiro

Yuzuki Satou, 19 ans. Onagawa, Miyagi. 6 février 2019 © Shin Yahiro

Fumiya Kimura, 21 ans. Namie, Fukushima. 7 février 2019 © Shin Yahiro

Yu Sasaki, 20 ans. Minamisanriku, Miyagi. 18 février 2019 © Shin Yahiro