Yu Nishimura, le superposeur
Figure montante de l’art contemporain japonais, Yu Nishimura construit ses toiles d’une manière singulière, strates par strates.
Yu Nishimura, “Motion”, 2020, oil on canvas, 60,6 × 50 cm. © Aurélien Mole
De scènes, de visages et d’images qui n’attireraient a priori pas le regard, Yu Nishimura fait une peinture poétique et profonde.
Si le travail de l’artiste, né en 1982, a mis quelques années à franchir les frontières du Japon, il a su capter l’attention d’institutions locales comme la Taguchi Art Collection ou celle du Kiyosu City Haruhi Art Museum. Hors de l’archipel, la dynamique semble aujourd’hui être lancée, et fin 2020 une première exposition personnelle a été organisée en Europe par la Galerie Crèvecoeur (Paris) en parallèle de celle proposée à la galerie KAYOKOYUKI de Tokyo.
Jeu de décalage
Les peintures de Yu Nishimura reposent sur des compositions simples : des portraits, des animaux, des objets, qui ont pour point commun une technique qui leur est propre. À travers un jeu de couches décalées, l’artiste vise, comme il l’explique sur le site de sa galerie tokyoïte, à représenter le « temps qui n’est pas perçu » ou de « multiples temps ». Divers récits, souvenirs — les siens ou ceux du spectateur —, temporalités, manières de voir ou d’interpréter les choses sont ici associés.
Ces toiles légères, sa technique singulière, « rendent floues les frontières entre le réalisme (se rapportant à la mimesis photographique) et l’abstraction (l’univers inhérent à l’image), entre le premier et le dernier plan, et entre les différents points de vue avec lesquels le spectateur regarde la peinture », précise le texte publié par la galerie Crèvecœur.
Au-delà des portraits réalisés par Yu Nishimura, les œuvres dédiées à la représentation d’un environnement naturel peuvent tendre vers l’abstraction, les contours s’effaçant. Ils ouvrent un nouveau champ d’interprétation au public, jouant sur la thématique de la mémoire, de son effacement, de la reconstitution d’images, que le regard pourrait être tenté de réaligner.
Scene of beholder, une exposition qui a eu lieu du 16 octobre au 21 novembre 2020 à la Galerie Crèvecoeur à Paris. Around October, une exposition qui a eu lieu du 24 octobre au 29 novembre 2020, à la galerie KAYOKOYUKI à Tokyo.
Yu Nishimura, “Sunset reflected on ocean”, 2020, oil on canvas, 53 × 45,5 cm. © Aurélien Mole
Yu Nishimura, “Pause”, 2020, oil on canvas, 130 × 97 cm. © Aurélien Mole
Yu Nishimura, “Girl in blue”, 2020, oil on canvas, 60,6 × 50 cm. © Aurélien Mole
Yu Nishimura, “A bird over sky”, 2020, oil on canvas, 53 × 41 cm. © Aurélien Mole
Yu Nishimura, “Nocturnal”, 2020, oil on canvas, 80,5 × 65,5 cm. © Aurélien Mole
LES PLUS POPULAIRES
-
Chiharu Shiota, fils rouges de l'âme
L’année dernière, plus de 660 000 personnes ont visité la rétrospective Chiharu Shiota: The Soul Trembles au musée d’art Mori.
-
AD VOYAGESLes paysages flottants éphémères d’Hokkaido en hiver
Chaque année, la mer d’Okhotsk se transforme en paradis givré de blocs de glace à la dérive.
-
Okonomiyaki à la mayonnaise miso-wasabi par Reiko Hashimoto
La cheffe met à l'honneur ces crêpes japonaises en proposant une recette tirée de son livre “Japan, the World Vegetarian”.
-
“All about Lily Chou-Chou”, fanatisation et rapport au réel
Co-scénarisé par une communauté en ligne, ce film de Shunji Iwai met en scène une pop-star devenue le repère d'une jeunesse déboussolée.
-
Kenzo Takada, la mode joyeuse
Le créateur est le premier couturier japonais à conquérir Paris, où il impose son prénom dès les années 1970 avec ses imprimés colorés.