Yuki Aoyama fait s’envoler les clichés

Dans le livre “Solaryman”, le photographe dépeint avec humour les stéréotypes qui entourent les hommes d’affaires japonais.

04.02.2021

TexteHenri Robert

“Solaryman (2005-2015)” de Yuki Aoyama © Libro Arte

Les hommes citadins japonais, une fois la trentaine atteinte, sont qualifiés par les plus jeunes de ossan. Ce terme familier, un brin péjoratif, moque ces hommes en costume, jugés arrogants et tous coiffés de la même manière. C’est à ces profils — appelés plus communément salarymen — que s’est intéressé le photographe japonais Yuki Aoyama dans l’ouvrage Solaryman (2005-2015), publié en 2016.

Le photographe, né en 1978 à Nagoya, galeriste (Yukai Hands) et éditeur (Yukai Hands Publishing), cherche dans son oeuvre à illustrer à l’aide de messages simples la complexité des relations humaines propres à la société japonaise.

 

Sauter par-dessus les conventions

Le titre Solaryman est une construction, associant les mots sora (le ciel) et salaryman. Car pour dépasser les clichés, sortir du cadre, les hommes d’affaires sont ici présentés en plein saut, libérant leur énergie en sortant des conventions, avec une attitude enfantine. Le père du photographe, qui était lui-même un homme d’affaires, est aujourd’hui décédé. Ce travail est également une forme d’hommage. Comme Yuki Aoyama l’exprime dans le texte associé aux photographies : « N’ayant moi-même aucune expérience en tant qu’homme d’affaires, je suis profondément ému et plein d’espoir lorsque je vois ces pères qui transpirent et luttent pour maintenir leur entreprise à flot, qui se transforment en héros volant dans le ciel. »

L’ouvrage, réalisé en une décennie, regroupe plusieurs séries. Une partie des photographies montrent des hommes seuls, ou avec des collègues ou amis, dans un environnement urbain. Tous sont vêtus de la même manière. On les voit en pleine action, concentrés et consciencieux, leur regard laissant transpercer une certaine malice. La seconde partie associe les filles de ces hommes, qui posent à leurs côtés, les pieds au sol, se tenant droites, inversant les rôles.

À travers ce livre, Yuki Aoyama rend hommage à ces hommes, et lance un clin d’œil à ces individus qui sont au cœur de l’économie du pays.

 

Solaryman (2005-2015) (2016), un livre de photographies de Yuki Aoyama, publié par Libro Arte.

“Solaryman (2005-2015)” de Yuki Aoyama © Libro Arte

“Solaryman (2005-2015)” de Yuki Aoyama © Libro Arte

“Solaryman (2005-2015)” de Yuki Aoyama © Libro Arte

“Solaryman (2005-2015)” de Yuki Aoyama © Libro Arte

“Solaryman (2005-2015)” de Yuki Aoyama © Libro Arte

“Solaryman (2005-2015)” de Yuki Aoyama © Libro Arte

“Solaryman (2005-2015)” de Yuki Aoyama © Libro Arte