Le séjour japonais de Sartre et Beauvoir
Le couple a passé un mois sur l'archipel en 1966, aux côtés de la traductrice Tomiko Asabuki qui en a tiré un carnet de voyage.

© L'Asiathèque
« J’ai pensé qu’il était de mon devoir de laisser un document qui retrace leur façon d’être, ce qu’ils ont dit, et qui témoigne aussi de toute la chaleur humaine dont ils ont fait preuve pendant leur séjour », confie Tomiko Asabuki en préface de son ouvrage Vingt-huit jours au Japon avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Au fil de ce récit de voyage, celle qui fut la traductrice de l’auteure de Mémoires d’une jeune fille rangée confie les détails et anecdotes qui ont fait le sel de ce premier séjour nippon pour le couple d’intellectuels.
Jean-Paul Sartre a toujours rêvé du Japon. Après son agrégation, il demande un poste à Kyoto qui lui est refusé. C’est donc 37 ans plus tard, en septembre 1966, qu’il foule le sol japonais pour la première fois. Invités pour donner plusieurs conférences, Sartre et Beauvoir décident ensuite de poursuivre leur périple durant deux semaines, et demandent à Tomiko Asabuki de rester auprès d’eux et de leur servir de guide après ce séjour officiel.
Un duo capable de retarder le Shinkansen
Du mythique Koyasan au quartier tokyoïte d’Asakusa en passant par Hiroshima ou encore le mont Aso sur l’île de Kyushu, le lecteur suit les pérégrinations du couple. Un compte rendu narratif ponctué d’une quarantaine de photos en noir et blanc où l’on voit ici Sartre et Beauvoir admirer le jardin sec du temple bouddhique Ryoan-ji à Kyoto ou se balader au milieu des champs au pied du mont Fuji.
Mais on apprend également à la lecture de Vingt-huit jours au Japon avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir quelques anecdotes croustillantes comme lorsque le duo a enrayé la mécanique ferroviaire parfaitement huilée du réseau Shinkansen. Le couple est en retard et, devant leur immense popularité, la compagnie décide de retarder le départ de son train à grande vitesse de presque trois minutes. On s’étonne d’autres détails plus triviaux de l’histoire. Ainsi, Jean-Paul Sartre s’est difficilement fait à la cuisine japonaise et a souffert d’une indigestion après avoir dégusté du poisson cru.
Vingt-huit jours au Japon avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir est un carnet de voyage comme aucun autre, qui brosse un portrait de deux sommités plus souvent décrites et envisagées dans leur biotope de Saint-Germain-des-Prés. Tomiko Asabuki réussit à capter leur humanité, leurs rires et interrogations, donnant au lecteur l’impression de cheminer, en ami, à leurs côtés.
Vingt-huit jours au Japon avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir (1996), un ouvrage de Tomiko Asabuki publié par L’Asiathèque.
LES PLUS POPULAIRES
-
« C’est un plaisir sincère que mes objets soient reconnus comme appartenant au cercle du Mingei »
Les couverts de laiton soigneusement façonnés par Ruka Kikuchi dans son atelier de Setouchi sont appréciés dans tout le Japon et ailleurs.
-
Les œuvres architecturales de Leandro Erlich interrogent notre perception du réel
L’artiste contemporain a construit, à Kanazawa, un escalier étrange, défiant la gravité. Une œuvre questionnant l’absurdité du quotidien.
-
“Buto”, la danse des ténèbres révolutionnaire
Né dans un contexte d’après-guerre rythmé par des mouvements contestataires, cet art subversif rejette les codes artistiques traditionnels.
-
L'audace d'après-guerre du mouvement japonais Gutai
Ce courant incarne le renouveau de l'art japonais en apportant une importance considérable aux matériaux et à la performance.
-
Les hommes de bois de Nagato Iwasaki
Dans sa série “Torso”, l'artiste sculpte des statues d’hommes et femmes à partir de bois flotté, qu’il place ensuite dans la nature.




