L’électro-pop apocalyptique d’Aya Gloomy

Dans « Tokyo Hakai », second album de l'auteure-interprète basée à Tokyo, l'atmosphère propre à la dystopie se marie avec la Synthpop.

24.09.2021

WordsMiranda Remington

Courtesy of Aya Gloomy.

En 2020, l’image d’un Tokyo candide est mise à mal par des années marquées par une série d’événements : de nombreux scandales politiques, des Jeux olympiques maudits et la peur d’une prochaine catastrophe, portée par une accumulation de maux enfouis dans l’inconscient collectif. Cette atmosphère fait écho aux thématiques abordées par la chanteuse basée à Tokyo Aya Gloomy, qui prophétise ces drames dans sa musique pop futuriste et brumeuse.

Dans son second album Tokyo Hakai — autoproduit et dévoilé en avril 2012 —, les menaces qui rôdent se cristallisent dans des mélodies flottantes et une production métallique, pour un résultat aux accents aussi rêveurs que sombres.

Condamner, épanouir

La productrice expérimentale Aya Yanase, ou Aya Gloomy, repousse les frontières de la J-Pop pour investir un territoire inconnu. Figure importante de la scène musicale indépendante liée à Big Love Records, elle associe les accents sombres de la science-fiction au pétillant de la pop, à travers une production Lo-fi. Influencée par des musiciens japonais parmi lesquels Jun Togawa, Chiemi Manabe, Miki Nakatani ou Dip in the Pool, l’artiste est également sensible à la mélancolie propre au R&B contemporain, invitant à la comparaison avec des producteurs américains tels Princess Nokia ou Abra. Aya Gloomy est également icône de la mode et propriétaire d’une boutique vintage ; sa musique pop décalée peut se retrouver dans son style, ses cheveux et ses vêtements électriques colorés, raccord avec le quartier d’Harajuku.

Les précédentes réalisations d’Aya Gloomy, son premier album Riku no Kodou et son EP Kanjiru, lui avaient permis d’imposer un style synth-pop minimaliste mélodique — mais les morceaux réunis dans Tokyo Hakai proposent des compositions plus vivantes, plus profondes. La première, « 2020 », débute par le son de l’annonce de l’accueil des Jeux Olympiques par le Japon, associé à un monologue robotique, « it begins, it begins… two-zero-two-zero, it has arrived, my favourite year, a once-in-a-life-time year… » « Start Again » et « Den En » poursuivent sur la thématique d’un futur incertain, avec des rythmes en écho et des voix dérivantes, renvoyant au thème de l’éloignement. Dans « Saisei » ou « Kodou », les rythmes “clubs” — joyeux —, côtoient des thèmes de la consommation de masse et d’une société au bord de l’explosion.

Face au tumulte de la vie urbaine tokyoïte, l’électro-pop décalée d’Aya Gloomy permet de prendre conscience de sa propre existence. Son essence, ce sont les pensées et les utopies qui, malgré tout, demeurent en nous.

 

Tokyo Hakai (2021) est autoproduit par l’auteure-interprète Aya Gloomy. Davantage d’informations sur ses productions et dates de concert sont disponibles sur son site officiel.

 

 

Album cover for ‘Tokyo Hakai’ (2021) by Aya Gloomy.

Courtesy of Aya Gloomy.

Courtesy of Aya Gloomy.

Courtesy of Aya Gloomy.

Courtesy of Aya Gloomy.

Courtesy of Aya Gloomy.

Courtesy of Aya Gloomy.

Courtesy of Aya Gloomy.