“Notre ami l’atome”, oxymore nucléaire
Michaël Ferrier transpose dans ce récit trois films qu’il a réalisés avec Kenichi Watanabe et qui questionnent la vie à Fukushima.
© Gallimard
Le récit débute par une somme de conseils : placer des bouteilles d’eau en plastique sur le rebord des fenêtres, dormir au rez-de-chaussée plutôt qu’au premier étage et, si possible, dans un lit situé au beau milieu de la pièce. Étonnant ? Pas pour les habitants de la région de Fukushima, et notamment ceux résidant aux abords de la zone irradiée, comme ce petit garçon, dosimètre autour du cou, venu consulter un spécialiste avec sa mère, afin de voir baisser son taux de radiation.
Notre ami l’atome s’ouvre ainsi. Sur un quotidien chamboulé, fait de nouveaux réflexes, de nouveaux rendez-vous. Pour tenter de contourner, de combattre, de repousser cet ennemi invisible certes, mais qui a pourtant, de manière bien visible, redessiné la vie et l’environnement des Japonais.
Raconter l’après
Alors Michaël Ferrier, qui vit à Tokyo depuis 1994, enquête, rencontre, raconte, rembobine l’Histoire jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, tisse finalement les liens irradiés qui unissent les grandes puissances économiques et met en exergue leurs intérêts industriels, militaires et commerciaux.
Notre ami l’atome est la transposition de trois films écrits par l’auteur et réalisés par Kenichi Watanabe : Le monde après Fukushima (2013), Terres nucléaires, une histoire du plutonium (2015) et Notre ami l’atome (2020). Avec toujours ce point d’honneur à élaborer une approche pluridisciplinaire, comme l’avait fait ce chroniqueur de l’ère atomique dans son ouvrage Dans l’oeil du désastre. Complété par un regard où se mêlent pensées scientifiques et témoignages humains. Un moyen d’éduquer notre oeil à percer ce qu’il se cache derrière cet ennemi finalement pas si invisible que cela.
Notre ami l’atome (2021), un livre de Michaël Ferrier publié par les éditions Gallimard.
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