“Omecitta”, ville cinématographique
Chantal Stoman explore dans ce documentaire le passé inextricablement lié au cinéma de cette petite ville de la banlieue de Tokyo.
© Chantal Stoman
Imprimer sur la pellicule des vestiges du passé, avant que ceux-ci ne soient amenés à peut-être disparaître. Explorer, raconter, recueillir des témoignages. Voici le travail dans lequel s’est lancée en 2017, presque malgré elle, la photographe Chantal Stoman. Car c’est par un heureux hasard qu’elle fait la découverte d’Ome, cette ville d’un peu plus d’un millier d’habitants de la grande banlieue de Tokyo, située à 3 heures de train de la capitale japonaise. Finir par y tourner un documentaire alors que son médium de prédilection est la photographie relève quasiment de l’inattendu.
Chantal Stoman est une photographe parisienne. Pendant dix ans, son travail s’est focalisé sur la photographie de mode, avant de se poursuivre sur des sujets plus vastes tels que l’architecture ou l’histoire avec, toujours, un tropisme pour les localités. Omecitta est son premier documentaire et, pour en comprendre la genèse, il faut remonter le temps.
Vestiges de l’âge d’or du cinéma
Initialement, Chantal Stoman se rend à Tokyo pour débuter un travail sur les cinémas d’art et d’essai. Mais c’est alors qu’elle parle de ce sujet avec une amie japonaise que celle-ci lui souffle le nom d’Ome. “Ome”, hormis que cela signifie “prune bleue”, les Tokyoïtes questionnés sur ce mot restent circonspects. Personne n’a entendu parler de cette petite ville de banlieue. Il n’en faut pas plus pour convaincre la photographe de prendre le train.
Lorsqu’elle arrive sur place, elle découvre alors une ville qui a vécu au rythme des projections cinématographiques pendant quatre décennies. Ome abritait trois cinémas, qui projetaient essentiellement des films étrangers. Les cinéphiles de Tokyo s’y pressaient, avant que l’arrivée de la télévision, dans les années 1970, ne vienne signer le glas des salles obscures. Si les salles ont fermé, il reste, partout en ville, des panneaux de bois peints, qui servaient à l’époque d’affiche. Loin d’Hollywood et de ses studios, le cinéma était partout à Ome, et ses panneaux sont les vestiges de ce passé en technicolor.
Chantal Stoman multiplie les clichés mais souhaite que ce travail initié en photographies se poursuive en images animées. Elle revient alors une dizaine de fois dans cette petite ville pour y rencontrer des anciens, derniers témoins vivants d’une époque révolue, mais aussi la jeune génération qui n’a parfois pas connaissance du prestigieux passé de cette bourgade qu’elle ne rêve que de quitter. La réalisatrice réussit également à rencontrer le créateur des affiches qui habillent les murs de la ville. Omecitta livre bien plus qu’une collection de précieux témoignages, il questionne aussi le rapport que l’on entretient au passé et son inscription, ou non, dans le futur.
Omecitta est disponible en VOD sur Ciné+ et en libre accès sur le site de la Maison européenne de la photographie.
© Chantal Stoman
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