Sengakuji, le temple de Naganori Asano et des 47 “ronin”

L'une des plus célèbres histoires de samouraïs a pris fin dans ce sanctuaire bouddhique qui maintient avec fierté cet héritage du passé.

18.04.2022

TexteLéa-Trâm Berrod

© Oishi Kuranosuke

Élevé à l’époque d’Edo (1603-1868) en 1612 puis rebâti trente ans plus tard après un incendie, le temple Sengakuji est situé près de la gare de Shinagawa à Tokyo, dans l’arrondissement Minato-ku. 

Au sein de ce lieu religieux reposent quelques-uns des samouraïs les plus connus du Japon : le daimyo (gouverneur) Naganori Asano de la région d’Ako (actuellement la préfecture de Hyogo) et ses 47 soldats.  

 

Le sens de l’honneur et de la loyauté

Un enchaînement tragique d’évènements va précipiter la mort de ces hommes d’armes. En mars 1701, le seigneur Kira Yoshinaka insulte Naganori Asano au sein du palais du shogun (grand général). Un affront pour le gouverneur d’Ako qui dégaine son sabre et blesse son adversaire. Le premier étant plus proche du shogun, Naganori Asano se voit condamné au suicide rituel, le seppuku (coupure au ventre).

Les 47 samouraïs au service du gouverneur d’Ako deviennent alors ronin (sans maître). Par fidélité, ils décident de le venger et d’attaquer la résidence de Kira Yoshinaka. L’épisode se termine par la décapitation de l’ennemi du défunt daimyo, dont les ronin purifient ensuite la tête avec l’eau d’un puits, le kubiarai ido, avant de l’apporter en offrande à la sépulture de Naganori Asano au Sengakuji. Après cela, sur ordre du général, les dissidents subissent le même sort, l’éventration. Malgré leur rébellion, ces hommes se retrouvent enterrés au temple sacré, aux côtés du maître qu’ils avaient vengé.

Courage (yu), honneur (meiyo), loyauté (chugi)… À travers leur acte collectif de vengeance, les 47 samouraïs de Naganori Asano ont respecté le code des principes moraux des soldats du Japon féodal, le bushido (« la voie du guerrier »).

 

Un lieu de mémoire

De nos jours, le temple Sengakuji se veut un espace de préservation et de commémoration. L’institution bouddhique comporte un modeste musée nommé Akogishi Kinenkan. À travers de nombreux artefacts, le lieu culturel permet de transmettre l’histoire de Naganori Asano et des 47 ronin. Les visiteurs peuvent également parcourir les tombes mythiques et inspecter le puits purificateur.

Chaque année, le sanctuaire organise le festival Ako Gishi Sai qui a pour dessein de rendre hommage aux samouraïs pour leur acte de loyauté. Cette célébration, où les participants brûlent de l’encens et dégustent des spécialités culinaires, se déroule le 14 décembre, date de la revanche. 

En outre, appartenant à l’école zen Soto, le Sengakuji a toujours accueilli des centaines de moines en formation pour qu’ils puissent approfondir leur pratique et leurs études. Une tradition qui perdure et a été filmée par le centre d’arts de l’université Keio. 

 

Plus d’informations sur le Sengakuji sur le site officiel du temple. 

© 江戸村のとくぞう

Tombe de Naganori Asano © Fg2

Tombes des 47 “Ronin” © Stéfan Le Dû