Sulvam, une mode déconstruite à la fois chic et moderne

27.02.2020

TexteManon Baeza

Avec ses silhouettes à la frontière entre sophistication et anéantissement, Sulvam est incontestablement l’une des marques japonaises les plus en vogue du moment. PEN a eu l’occasion d’échanger avec Teppei Fujita, étoile montante de la mode, diplômé de la Bunka Fashion School de Tokyo. Après avoir fait ses armes aux côtés du grand Yohji Yamamoto, le designer a pris son envol en 2014 avec la création de son label menswear Sulvam. Rencontre.

Début 2020 se tenait la très attendue Fashion Week parisienne dédiée à l’homme. Une manifestation française à laquelle Fujita et son équipe participent depuis un peu plus d’un an et leur présentation de la collection spring-summer 2019 de Sulvam. Avant cela, la marque défilait à Milan et a également eu le privilège d’être invitée au Pitti Uomo – le salon de la mode masculine connu à travers le monde qui prend ses quartiers à Florence. “Paris reste pour moi le plus intéressant en terme de visibilité”, confie Fujita. “C’est pourquoi nous avons décidé de nous challenger en participant à la Fashion Week parisienne, même si cela nous coûte plus cher…”.

Il poursuit : “Pour moi, la mode est l’un des piliers de la France. Elle est ancrée dans la culture du pays. À chaque fois que je me balade dans les rues de Paris, je reste émerveillé lorsque je croise toutes ces personnes plus élégantes et chic les unes que les autres. L’image du Français pour moi c’est quelqu’un qui s’habille de façon très classique, mais avec des pièces très bien coupées. Et je trouve que cette image correspond bien à ma marque, c’est en partie pour cela que j’ai décidé de défiler à Paris”.

Pour sa dernière collection, Fujita a surtout travaillé les détails de ses pièces afin d’encourager les spectateurs à “s’habiller avec intention”. Cela donne des silhouettes minutieusement construites à travers lesquelles le déconstructivisme de ses coupes unisexes côtoie l’insolite légèreté de ses formes. La sobriété était son maître mot pour cette dernière collection qui laisse entrevoir de longs manteaux et des vestes asymétriques, des pulls entaillés ou encore des costumes en velours, qui nous fascinent par leur éclat et leurs couleurs qui changent au gré de la lumière.

Lorsque l’on demande à Fujita de nous expliquer un peu plus son processus créatif, il nous explique que tout apparaît seulement lorsqu’il commence à dessiner. “Je n’ai pas de source d’inspiration particulière. Lorsque je me mets à travailler sur une collection, je dessine dès le début pour élaborer de nouveaux patrons. Pour moi, le dessin est le début de tout. C’est en faisant divers croquis que je me mets à réfléchir sur les besoins et envies des clients. Ensuite, ces centaines de dessins se transforment en prototypes puis en vêtements”.

Si ce sont ses émotions qui dictent ses collections, Fujita arrive à séduire une clientèle assez large, allant de l’adolescent modeux au sexagénaire coquet. “J’ai remarqué que ce sont principalement des personnes bien dans leur peau qui portent du Sulvam et cette idée me rend particulièrement heureux”, ajoute-t-il. Pour le moment, Sulvam ne possède qu’un atelier au Japon mais Fujita souhaiterait en ouvrir un nouveau très prochainement à Paris, pour pouvoir ensuite y ouvrir une petite boutique, sa première au monde.

En attendant, pour suivre la mode à la fois moderne et intemporelle de Sulvam, on vous donne rendez-vous juste ici.