Atelier Takumi, renouveau de l’artisanat japonais
Un pas de côté. Sortir des habitudes et des gestes maîtrisés et mille fois répétés. S’offrir la liberté d’inventer de nouveaux usages, sans pour autant dénaturer l’artisanat, ni confisquer le savoir-faire. Atelier Takumi, maison d’édition de design créée par Yannick Chadet-Dufait en 2015, insuffle un soupçon de modernité dans l’artisanat traditionnel séculaire japonais.
Des tatamis se transforment ainsi en sacs à main, quand la laque ne sert plus à recouvrir des bols délicats mais à créer un miroir. Si, à ses débuts, Yannick Chadet-Dufait dessinait lui-même 80 % de la collection, le jeune entrepreneur formé aux Beaux-Arts s’entoure aujourd’hui de jeunes noms du design français. Avant que leurs créations modélisées ne finissent par prendre vie entre les mains d’artisans japonais.
“C’est un travail à six mains, nous sommes là pour revisiter l’artisanat, pas pour le dénaturer. Le produit fini doit plaire à l’artisan qui insuffle beaucoup de lui dans la création”, tient à préciser Yannick Chadet-Dufait. “Atelier Takumi tente de participer à la sauvegarde de l’artisanat et à la transmission des savoir-faire, de plus en plus difficile aujourd’hui.”
Valoriser les savoir-faire
Le designer s’entoure donc d’artisans japonais ultra-qualifiés, choisis pour sublimer soit un matériau, soit une technique, qu’ils sont parfois les derniers à maîtriser. “Nous travaillons avec un artisan spécialisé dans le ranma, les sculptures sur bois au-dessus des tokonoma dans les maisons traditionnelles. Ils ne sont plus que dix au Japon”, indique le jeune homme.
Des produits imaginés en France, façonnés au Japon à la main, et qui ont pour vocation de finir dans n’importe quel intérieur du globe. “Nous créons des produits contemporains et universels qui peuvent être utilisés aussi bien en Europe qu’au Japon”, ajoute Yannick Chadet-Dufait.
Un nom qui se fait par ailleurs discret sur les produits vendus dans la maison d’édition. Seuls s’affichent ceux des jeunes designers et des artisans japonais. “L’idée est pour nous de créer un produit d’appel, qui est une sorte de porte d’entrée dans cet artisanat, et qui, nous l’espérons, va ensuite ouvrir d’autres marchés à l’artisan.”
Des objets qui étonnent
Un des produits les plus représentatifs de ce twist cher à Atelier Takumi ? Le miroir Shikkoku, un nom en référence à ce noir de jais, à la symbolique très forte au Japon, né d’une volonté des équipes de tout miser sur les propriétés de réflexion de la laque. Un usage de ce matériau à mille lieues de ce qui se fait habituellement dans l’archipel. “Le but est de créer la curiosité et l’échange. De générer une expérience”, explique Yannick Chadet-Dufait
Il y a aussi ces petites boîtes modulables, Hako, qui utilisent la technique du kumiki, l’assemblage du bois sans clous ni vis, et qui sont façonnées à partir d‘hinoki, un bois endémique qui ne pousse qu’au Japon et à Taiwan.
Des petits détails qui font le sel d’Atelier Takumi, tout comme celui de la philosophie japonaise, qui veut que l’histoire que les objets portent en eux soit aussi importante que l’objet lui-même. Mission réussie.
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