Les céramistes japonaises célébrées à l’international

Après la Seconde Guerre mondiale, les femmes ont investi le domaine de la création de pièces en céramique, lui donnant un nouveau souffle.

06.12.2018

From left: Koike Shoko, 2002, On loan from a Private Collection, USA; Hoshino Kayoko, Cut Out 16 – 12, 2016, On loan from Joan B Mirviss LTD; Ogawa Machiko, Heki-yuu ban; Blue-green/clear glazed vessel, 2008, On loan from Joan B Mirviss LTD

Longtemps, au Japon, les femmes n’ont pu toucher à la céramique que de très loin. Éloignées de la réalisation des pièces, elles étaient cantonnées à leur finition, à leur peinture et à leur décoration. Jusqu’à ce que la Seconde Guerre mondiale chamboule les règles : dès les années 1950, les femmes ont rejoint des programmes d’apprentissage, ouvert leurs studios et donné, ensemble, un nouveau souffle à la céramique.

D’octobre 2019 à janvier 2020, le musée Gardiner de Toronto, le seul consacré à la céramique au Canada, a célébré « l’indépendance, la créativité, et le génie technique » de ces artistes femmes avec une exposition, Japan Now : Female MastersLes pièces exposées, sélectionnées par la collectionneuse new-yorkaise Joan B. Mirviss, présentaient une céramique japonaise libérée de ses codes.

 

Le travail des pionnières

Toshiko Takaezu, décédée en 2011, est souvent citée comme la pionnière de ce mouvement. Elle a contribué, tout le long de sa carrière, à élever la céramique du rang d’artisanat à celui d’art, en reléguant la fonction au second plan : ses œuvres en forme de galets ou de cylindres sont parfois minuscules, souvent surdimensionnées — et presque toujours impossible à utiliser au quotidien.

Au fil des décennies, nombreuses sont celles qui lui ont emboîté le pas. Leurs pièces, aussi créatives que peu fonctionnelles, perpétuent cet esprit. On pense notamment aux vases Flower de Sakurai Yasuko (percés de multiples ouvertures, ils ne pourront jamais être remplis d’eau), ou bien à ceux de Kishi Eiko, qui ne peuvent accueillir qu’une ou deux fleurs à la fois.

Parmi les héritières de Toshiko Takaezu, Fujikasa Satoko, née en 1980, s’illustre particulièrement. Son œuvre fascinante, réalisée dans des tons neutres, célèbre la fluidité de la céramique. Elle rappelle, par ses formes et ses couleurs, les drapés des débuts de la maison Lanvin. 

Ces pièces magistrales, qui semblent toujours en mouvement, rendent hommage aux mots de Toshiko Takaezu, prononcés en 1975 : « Vous n’êtes pas une artiste simplement parce que vous peignez ou sculptez des pots qui ne peuvent pas être utilisés », disait-elle. « Un artiste est un poète avec son propre médium. Et quand l’artiste produit une bonne pièce, ce travail a quelque chose de mystérieux, une qualité innommable : il est vivant.»

 

Japan Now : Female Masters, une exposition qui a eu lieu du 7 septembre 2018 au 13 janvier 2019 au musée Gardiner de Toronto.

Fujikasa Satoko, Hiten;Seraphim, 2016, On loan from the Diana Reitberger Collection

Futamura Yoshimi, 2016, On loan from Joan B Mirviss LTD

Koike Shoko, 2002, Stoneware with creamy white, brown, and silver glazes, On loan from a Private Collection, USA

Hattori Makiko, Ryū: Flow, 2017, On loan from the Diana Reitberger Collection

Left: Ogawa Machiko, Heki-yuu ban; Blue-green/clear glazed vessel, 2008; Right: Katsumata Chieko, Akoda: Pumpkin, 2016, Both on loan from the Diana Reitberger Collection