Pieces of Japan, l’artisanat d’exception à portée de tous
Cette boutique fait vivre les métiers d’art japonais à travers une sélection d’objets traditionnels remis au goût du jour et des formations.
© POJ
Apprécié à travers le monde, l’artisanat japonais traverse une longue crise. Les maîtres d’art peinent à générer suffisamment de revenus pour rendre leur métier attractif et trouver des successeurs. C’est en constatant les difficultés de ces artisans que Tina Koyama, alors UX designer dans la Silicon Valley, décide de lancer Pieces of Japan (POJ) dans le but de faire le lien entre eux et les amateurs du Japon à l’étranger.
D’une boutique en ligne lancée en 2020, le projet se transforme vite en studio créatif avec l’ajout d’ateliers vidéo pour se former aux techniques artisanales mises en avant sur POJ. Son kit de kintsugi, une méthode qui permet de prolonger la durée de vie de la vaisselle en la réparant à l’aide de laque pour en sublimer les fêlures, remporte un franc succès. Grâce aux enseignements visuels et détaillés de POJ, la pratique exigeante d’un art comme celui de la laque devient accessible à tous, partout dans le monde.
Un soutien aux artisans sur le long terme
Cette évolution, de la vente à la formation en passant par la réparation des pièces, s’est faite naturellement pour Tina Koyama. « La manipulation de vaisselle peut entraîner de la casse », explique-t-elle dans une interview à Pen. « Rapidement, nous avons réalisé qu’il ne serait pas durable pour nos clients de nous envoyer leurs pièces brisées pour que nous les réparions au Japon. L’idée de les former au kintsugi afin qu’ils puissent restaurer eux-mêmes leurs objets faisait sens. Nous espérons aujourd’hui créer un réseau de réparateurs à travers le monde ».
Le développement durable est au cœur de la mission de POJ. Tina Koyama dessine elle-même la plupart des objets proposés par la boutique, aux lignes simples mais modernes et surtout en accord avec ce que les artisans sont prêts à fabriquer sur la durée. Tels les bols en bois oryōki, utilisés par les moines bouddhistes, pour lesquels la designer a choisi un fini mat plutôt que l’aspect verni qu’ils arborent traditionnellement. Intemporelles, ces pièces sont commandées aux artisans par POJ sur le long terme pour soutenir leur activité. Certaines, comme les brosses shuro en palmier de Chine, sont présentées dans leur format d’origine.
La collection, débutée par les arts de la table, s’est étoffée au fil du temps de pièces décoratives comme des sublimes rideaux noren indigo, teints grâce à la technique ancienne du shibori, ou encore des miroirs circulaires conçus à partir de bandes de bois hinoki savamment pliées. Tina Koyama projette d’y ajouter du mobilier et de lancer une collection de vêtements d’intérieur en soie 100% japonaise, entièrement fabriquée au Japon—une rareté.
Participer à la transmission des savoir-faire
En 2022, POJ a ouvert une boutique à Kyoto au sein d’une machiya centenaire. L’espace permet d’accueillir des ateliers de fabrication d’encens ou de brosses shuro à destination du public. C’est aussi là qu’a lieu le programme d’apprentissage du kintsugi, la formation longue et en anglais de futurs ambassadeurs internationaux de cet art qui le ramèneront ensuite chez eux. Une fois par saison, pendant deux mois, les apprentis y peaufinent leur pratique au gré de 150 heures de cours. Leurs professeurs ont tous été formés par POJ par manque d’artisans anglophones.
A l’avenir, Pieces of Japan pourrait directement embaucher des maîtres d’art pour les encourager à transmettre leur savoir. Ce que Tina Koyama et son équipe font déjà au quotidien avec leurs partenaires, comme avec le maître de la teinture shibori qui a commencé à travailler avec ses fils.
« Nous souhaitons soutenir les artisans mais parfois, travailler pour un seul maître dans un petit établissement n’est pas ce qu’il y a de plus stimulant », observe la fondatrice de POJ. « Nous réfléchissons donc à de nouveaux espaces de travail qui pourraient donner lieu à la création de villages d’artisans dans tout le Japon avec des débouchés économiques assurés et une attention particulière accordée à l’équilibre vie professionnelle-vie privée des créateurs ».
L’ambition de Tina Koyama de faire le lien entre les métiers d’art japonais et le monde ne s’arrête pas au territoire de l’archipel. A l’automne 2024, POJ organise son premier pop-up dans le studio Eyn Vas à Los Angeles (du 1er novembre 2024 au 31 janvier 2025). Une première incursion aux Etats-Unis avant l’ouverture éventuelle d’un espace permanent pouvant aussi accueillir ateliers et formations.
Plus d’informations sur Pieces of Japan sur son site internet.
© POJ
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