Préfecture de Mie : un artisanat élégant empreint de tradition, né à Umashi Kuni

Des produits locaux uniques issus d’une région pleine de richesses.

29.01.2021

TexteYoshitaka Nishida PhotosTetsuwo Kashiwada

Dans le sixième volume du Nihon Shoki, la deuxième source la plus ancienne de l’Histoire du Japon, il est fait référence à Ise no Kuni (aujourd’hui Mie) sous le nom de Umashi Kuni (beau pays) du fait de ses paysages magnifiques. Les divers artisans de la région s’y transmettent de génération en génération les secrets de l’artisanat unique de Mie.

A gauche : Production de Owase Wappa, désigné comme artisanat traditionnel de la préfecture. Les 45 étapes, de l’arakidori (suppression du bois brut) à la finition à la laque, sont réalisées à la main. A droite : Lever du soleil vu depuis le pont Uji, à l’intérieur du sanctuaire Ise Jingu.

A gauche : Le magnifique Kumano Nada vu depuis la ferme Horiuchi à Kitamuro-gun. A droite : Une serviette Oboro en cours de blanchiment. Pour maximiser l’absorption d’eau de la serviette, un procédé de post-blanchiment est employé dans lequel la serviette entière est blanchie et non les fils individuels.

La préfecture de Mie abrite une nature magnifique et de nombreux attraits touristiques comme le Ise Jingu — l’un des sanctuaires Shinto les plus importants du Japon, dédié à la déesse du soleil Amaterasu — et est aussi renommée pour sa gastronomie composée des fruits de la terre et de la mer, et de son bœuf de première qualité.

En sus de ses trésors naturels, la préfecture de Mie est riche d’un artisanat porteur de savoir-faire traditionnels régionaux préservés depuis des générations. Les Banko Yaki, issus de la ville de Yokkaichi au nord de la préfecture, en sont le parfait exemple. La production de poteries Banko Yaki se distingue par son mélange de minerai résistant à la chaleur (pétalite) et d’argile.

A Ginpo Touki, l’un des fours de Banko Yaki, Tetsuya Kumamoto, propriétaire de la troisième génération, a introduit un système innovant qui automatise les procédés de production tout en maintenant la manière des savoir-faire artisanaux. Au cours des dernières années, il a aussi entrepris de fabriquer et vendre sous sa propre marque des ustensiles de cuisine et de la vaisselle. « J’aimerais proposer des produits plus alignés avec la cuisine moderne et les modes de vie du futur », confie Tetsuya Kumamoto dans une interview à Pen.

Dans la ville de Yokkaichi, Isezo produit de la sauce soja dans des kioke (des tonneaux de bois) depuis des générations. « La sauce soja issue d’un kioke utilisé depuis 100 ans et plus a un goût unique », explique Kazuhiro Shikii, propriétaire de la cinquième génération, à Pen Japon. Outre la sauce soja traditionnelle et du miso, Isezo développe aussi une variété de sauces.

Une poterie en cours de fabrication à Ginpo Touki.

Préparation de sauce soja traditionnelle à Isezo.

Une collaboration inédite née de « All Mie »

Dans la ville de Tsu, de la région Chusei, se trouve Oboro Towel, fondé en 1891. La « teinture Oboro », qui a donné son nom à l’entreprise, est une technique de coloration qui donne au motif un aspect flou lorsqu’il est sec et net lorsqu’il est humide. Cette technique a été inventée par Shouzaburo Morita, un artiste de nihonga et le fondateur de Oboro Towel.

Au sud-est de la préfecture, dans la ville d’Ise, Ise Kadoya Beer, un fabricant de bière artisanale, a remporté le premier prix dans de nombreuses compétitions de bières au Japon et à l’étranger. Un succès international qui tranche avec ses origines modestes de magasin de mochi, propriété de l’Ise Jingu.

Plus au sud, dans la ville d’Owase, le propriétaire de la quatrième génération de Nushikuma, Koshi Seko, préserve la tradition des Owase Wappa, des récipients alimentaires laqués prisés par les bucherons de la forêt voisine. « Je répare des wappa qui datent d’il y a plus de 100 ans, en plus d’avoir commencé ma propre tradition en créant divers articles laqués », nous dit Koshi Seko, un artisan moderne doué à la fois de l’esprit de la tradition et aussi de l’innovation.

Des producteurs locaux représentant la préfecture de Mie au travers d’une variété de produits, de l’Iga Kumihimo (une technique ancienne de tressage de fils teints), Matsusaka Momen (des tissus teints d’indigo), Ise Udon aux mandarines de Kitamuro-gun, se sont rassemblés au sein du projet « All Mie ». Ce projet est une collaboration entre Pen Magazine Japon et la préfecture de Mie. Il a pour but la mise en avant des artisans et savoir-faire qui continuent à faire vivre les traditions régionales, afin de permettre la redécouverte du charme de Mie.

Procédé de déformation d’une serviette Oboro. Pour préparer le tissage, de multiples fils sont assemblés en un seul.

En 2018 s’est achevée la construction d’une nouvelle usine pour Ise Kadoya Beer. Un système d’entière automatisation révolutionnaire a été adopté car le président Narihiro Suzuki refusait de considérer ses ressources humaines comme une simple main-d’œuvre.

Ferme Horiuchi à Kihoku-cho, Kitamuro-gun. Des mandarines et ponkan, cultivés avec des pesticides limités selon les saisons, sont disponibles uniquement en vente directe à la ferme ou à la commande par le biais d’Instagram.

Plus d’information sur les produits de Kholomo (seulement en japonais)

www.kholomo.com/

Pen Japon

www.pen-online.jp/feature/product/mieken_meihin/1