Une Japonaise et un Britannique au devant du design

Focus sur cinq projets du Studio Swine créé par l'artiste britannique Alexander Groves et l’architecte japonaise Azusa Murakami.

18.01.2020

© Emiliano Granado

Le duo de designers, établi en 2011 sous le nom de Studio Swine (pour Super Wide Interdisciplinary New Explorers), s’est fait un nom grâce à ses installations singulières exposées partout dans le monde, de Milan à New York. Celles-ci respectent la vocation première du design — « transformer un problème en opportunité » —  tout en invoquant la littérature, le cinéma, le voyage, l’art ou la poésie. Tour d’horizon de ces projets, à travers cinq des créations du Studio Swine.

“Wave Particle Duplex” : encapsuler la matière pour mieux la mettre au jour (2019)

 

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Wave Particle Duplex, réalisée lors d’une résidence de six mois à l’espace A/D/O de Brooklyn, est une série d’œuvres que leurs auteurs qualifient de « tech éphémère ». Dans une salle aux murs rouges, ils ont installé des cadres contenant des tubes de plasma de la même couleur. Une autre salle, peinte en jaune cette fois, arbore des sculptures de brouillard : un mélange de gel acrylique coloré et de brume, contenu dans un cadre de verre en 3D. Cette installation capture la matière et la met en valeur. Elle invite son public, à une époque où le temps d’attention est une denrée rare, à prendre un moment pour regarder autrement le monde qui l’entoure.

“New Spring” : une ode au renouveau dans un lieu abandonné (2017)

 

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À l’occasion du Salone del Mobile de Milan, en 2017, le Studio Swine s’est associé à la marque de prêt-à-porter COS pour proposer une installation inspirée des cerisiers du Japon au Cinema Arti, un cinéma des années 1930 aujourd’hui désaffecté. Pensé comme une expérience « interactive et multisensorielle », New Spring est une sculpture de six mètres en forme d’arbre, au design inspiré de lustres des palazzi milanais. Référence à la fête hanami (synonyme de renaissance, chaque mois d’avril au Japon), elle mime la floraison des cerisiers et délivre, au bout de chacune de ses branches immaculées, des bulles de vapeur parfumées qui éclatent lorsqu’on les touche.

“Fordlândia” : une micro-collection inspirée des excès du fordisme (2016)

 

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Un hôpital dernier cri, une piscine municipale, des terrains de golf : en 1928, le constructeur automobile Henry Ford érige la cité ouvrière Fordlândia à partir de rien, dans un recoin isolé du Brésil, au cœur de la forêt amazonienne. Ce lieu, censé approvisionner directement les usines de Ford en caoutchouc ne connaîtra jamais le succès prédit par son créateur qui le revendra discrètement quelques décennies plus tard. Depuis, cette ville fantôme (3000 habitants) attire les curieux en tous genres, et notamment les artistes : quand le dessinateur Franquin lui dédie un album du Marsupilami (Fordlândia, 1991), le Studio Swine s’en inspire pour créer du mobilier urbain. Les fauteuils et les chaises de sa collection Fordlândia sont réalisés à partir de matériaux issus de la forêt amazonienne, dont l’ébonite (un caoutchouc naturel “vulcanisé”, à l’aspect rappelant l’ébène, auquel on a ajouté du soufre pour améliorer la résistance).

“Gyrecraft” : des objets de luxe faits des déchets en plastique des océans (2015)

 

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Avec Gyrecraft, le plastique s’éloigne des circuits de production de masse et retrouve une nouvelle vie plus… artisanale. En 2014, Azusa Murakami et Alexander Groves partent des Açores et parcourent mille miles nautiques (1852 km) en bateau jusqu’au gyre de l’Atlantique nord, l’un des cinq grands “vortex de déchets” de la planète. À bord, ils transportent un Solar Extruder. Cette machine, qui collecte les déchets plastiques au large et les fond à l’aide d’un four solaire chauffé à 200°C, permet de recréer de nouveaux objets sur le bateau, sans mettre pied à terre. À partir du plastique récolté, le Studio Swine produit une série de cinq objets de luxe – un pour chaque gyre – inspirés de l’artisanat des marins (comme le scrimshaw, la gravure de scènes de pêche sur les dents et les os de cétacés, née aux Açores et quasiment disparue).

 

Plus d’informations sur le Studio Swine sur son site internet.