Yoshikimono, quand la mode et la musique ne font plus qu’un

04.03.2020

TexteManon Baeza

Yoshikomono fait partie des nouvelles marques japonaises à suivre de très près. En octobre dernier, c’est d’ailleurs elle qui, après trois années d’absence, ouvrait la Fashion Week japonaise. Si son nom ne vous évoque rien de prime abord, le créateur Yoshiki Hayashi, plus connu sous son nom de scène “Yoshiki”, est une véritable star au Japon, et on vous explique pourquoi.

Yoshiki n’est autre que celui qui a lancé le groupe de musique X Japan au cours des années 80. Un groupe de hard rock célèbre pour son art de la scène qui fait la part belle aux vêtements et instigateur de la mouvance du visual kei. Rappelant Kiss à ses débuts, X Japan se crée vite une identité visuelle unique, inspirée du punk ou de la mode urbaine japonaise. Le groupe se serait même momentanément séparé à cause de “divergences vestimentaires” ! Véritable icône au sein de la sphère musicale, Yoshiki est l’une des figures de proue du rock japonais encore aujourd’hui. Si du haut de ses 54 ans il n’a plus rien à prouver à personne, Yoshiki s’est pourtant lancé le pari il y a 10 ans de lancer sa marque de mode “Yoshikimono”. Et une fois de plus, c’est un pari largement relevé !

Subtil mélange entre un savoir-faire ancestral et une rébellion en constante mutation – Yoshikimono vient prouver que le kimono est loin d’être un vêtement traditionnel dépassé, bien au contraire. Sous l’égide de Yoshiki, le kimono devient à la fois sensuel et provoquant, attrayant et surprenant. Une dernière collection vivement inspirée par l’héritage rock de son créateur. Bien que ce dernier souhaite en même temps “préserver la tradition du kimono et le réinventer”.

Avec Yoshikimono, le designer et musicien de renom vient prouver que le terme “tendance” n’est pas un antonyme de “tradition”. Lors de son dernier défilé, on découvrait des kimonos façon robe-bustier, des kimonos à strass et aux patchworks psychédéliques. Ou encore des kimonos dotés de larges épaulettes, vivement inspirées des années 80. Des coupes, des couleurs et des motifs plus variés les uns que les autres, mais qui tous, laissent entrevoir un savoir-faire d’exception, très largement maîtrisé par le designer.

Et pour cause, Yoshiki Hayashi a certes grandi bercé par la musique, mais il s’est surtout épanoui au sein d’une famille propriétaire d’un magasin de tissus. Bien plus qu’une transmission de l’héritage culturel de son pays aux nouvelles générations, le label Yoshikimono traduit l’envie du créateur de démocratiser un vêtement ancestral en le remettant sur le devant de la scène, voire même en le rendant plus “urbain”. Toute l’originalité de la marque réside dans son processus créatif puisque le designer dessine en fonction de la musique choisie pour son prochain défilé.

À travers cette dernière collection , Yoshiki s’empare de la tradition nippone et la mêle à la mode contemporaine, afin de dévoiler une trentaine de silhouettes aux multiples facettes qui, toutes, évoluent au gré de la musique de l’artiste Mossy et de son titre “Meeting Point“, ou encore de la chanteuse Violet K, présente lors de la manifestation et accompagnée de son piano afin d’interpréter “Rosa“. Plus le défilé avance et plus le kimono renoue avec sa silhouette d’origine avec notamment des trompe-l’œil plus vrais que nature, qui viennent faire le lien entre héritage et modernité. Une ode au savoir-faire et à la mode japonaise.