Un paradis pour astronomes amateurs, caché parmi les Tokyo Treasure Islands

23.04.2020

TexteEleanor Parsons

A quelques encablures de la côte sud-est de l’île principale du Japon se trouve la luxuriante et montagneuse île de Kouzushima. En seulement 45 minutes depuis Tokyo en avion (3 h 45 en bateau hydrojet ou encore 12 heures de croisière paisible en ferry pour ceux d’entre nous qui ont le pied marin), Kouzushima se dévoile entourée de ses eaux de couleur turquoise. L’île est aussi variée que belle, depuis ses plages de sable blanc jusqu’à ses montagnes imposantes, avec sa délicieuse cuisine et son shochu (alcool distillé) unique. Mais par-dessus tout, Kouzushima est fière de sa réputation : c’est l’un des meilleurs endroits au Japon pour admirer les étoiles.

La nuit, accompagné d’un guide spécialisé, il est possible de faire une courte balade en voiture dans la montagne et de se garer à un belvédère. À une telle hauteur, il n’y a pas de lampadaires, et si l’on éteint ses feux de circulation, rien ne viendra obscurcir la voûte étoilée scintillante. Avec sa lampe de poche puissante, le guide vous indiquera les constellations et vous émerveillera avec des informations sur le cosmos. Les étoiles sont si brillantes qu’on peut même distinguer différentes nuances de rouge et de blanc. Il est difficile d’imaginer que l’on se trouve sous le même ciel que le paysage nocturne sombre de Tokyo.

L’île doit une partie de sa réputation en matière d’observation des étoiles à ses habitants ; motivés par un désir mutuel de conserver le ciel clair pour leur génération et la suivante, ils viennent de commencer à remplacer certaines des ampoules fluorescentes des lampadaires publics par des ampoules basse consommation qui limitent la pollution lumineuse. Pour véritablement profiter des étoiles, pourquoi ne pas se baigner dans les sources chaudes de l’île, qui dispose d’un grand rotenburo (bassin en plein air) avec bain mixte pour ceux qui ont amené leur maillot de bain, et contempler les étoiles tout en oubliant son stress.

Les plages de l’île au sable blanc comme la neige sont sublimes tout au long de l’année. En été, difficile de résister à l’envie de plonger dans l’eau cristalline turquoise sur le chemin pédestre d’Akasaki, où des chemins boisés et des plongeoirs interconnectés font le lien entre les falaises de l’île et les formations rocheuses dans la mer, offrant un endroit parfait pour se baigner dans cette eau de mer exceptionnellement claire. La plongée libre est un bon moyen de mieux voir les beaux poissons multicolores et les coraux qui vivent dans l’eau cristalline, mais pour ceux qui souhaitent vraiment s’immerger, l’île possède sa propre école de plongée sous-marine.

L’île est également fière de son abondance de kinmedai (Béryx long). On peut trouver du kinmedai, un mets fin, sur l’île principale du Japon mais à un prix assez élevé. Sur le marché de Kouzushima ou dans ses restaurants, on le trouve à un prix beaucoup plus abordable. Il serait dommage de goûter au kinmedai sans faire également honneur au Morikawa unique brassé sur l’île – un shochu brassé en utilisant l’eau de Kouzushima.

En se dirigeant vers les côtés pentus de l’île, loin de l’excitation de la mer, l’atmosphère devient beaucoup plus silencieuse et respectueuse. L’île est parsemée de nombreux monuments paisibles et religieux ; le sanctuaire Awanomikoto, le temple Enmeizantoko et la croix de Julia honorent respectivement les dieux du shintoïsme, du bouddhisme et du christianisme. Mais pour véritablement rendre visite aux divinités de Kouzushima, il faut effectuer une randonnée de trois à quatre heures sur le mont Tenjo. Là se trouve le cratère d’Hairanaigasawa (hairanai signifie « impossible d’entrer » en français). Selon le folklore, dans les temps anciens, les dieux de l’archipel d’Izu tenaient conseil dans ce cratère pour diviser l’eau entre les îles.

Faire le tour du cratère d’Hairanaigasawa est une expérience exaltante lorsqu’il y a du vent. On est quasiment au bord du précipice. Une boucle au sommet conduit vers le sol sableux d’Ura-sabaku (le sable noir). Soudain, en contraste total avec la roche volcanique des hauteurs du sommet, on aperçoit une plaine blanche avec du sable si doux et blanc qu’il est difficile de croire que l’on est à près de 600 mètres au-dessus de la plage. Depuis le point le plus élevé, en regardant autour de soi dans toutes les directions, on pourrait se croire au sommet du monde.