Le sommet du luxe à la japonaise

28.12.2019

TexteKaori Iwasaki PhotographiesKengo Watanabe

Les intérieurs dans le plus pur style wafu, uniques à Tokyo pour un hôtel de luxe. De la galerie extérieure, on peut admirer le jardin des quatre saisons, ou la vue sur la rivière Meguro.

Une chambre avec vue sur les cerisiers des berges de la rivière Meguro. Entouré de nature, vous êtes pourtant en plein centre de Tokyo. Voilà ce qui fait en premier lieu la réputation de l’Hôtel Gajoen Tokyo. Lorsque, en 1928, l’entrepreneur Rikizo Hosokawa fonda le Gajoen, à l’origine un restaurant traditionnel, il le fit construire et décorer par les artistes et artisans japonais les plus exquis de son temps. Tous les visiteurs en furent éblouis.
Comme souvent, le bonheur est à chercher dans les détails. Ce sont les cloisons de bois et de papier ajourés de motifs géométriques, d’une finesse inouïe. C’est le petit artisanat aux inclusions de laque noire et de coquillages nacrés qui jouent avec l’ombre et la lumière. Sans oublier les portraits de belles et les peintures de fleurs et d’oiseaux, tous signés des peintres les plus célèbres, qui occupent toute la surface des murs et des plafonds. Aujourd’hui encore, les œuvres les plus splendides de l’art japonais y trouvent leur place, pour le plus grand plaisir des yeux: telle est la voie du luxe selon le Gajoen. Avec en apothéose « l’escalier aux cent marches », un miracle d’ouvrage dont la structure originale en bois, conçue à l’époque par un maître charpentier, est inscrite aujourd’hui au répertoire des trésors culturels de Tokyo.

Les têtes de lit sont tendues de broderies dites nishijin-ori. Chaque chambre a ses motifs originaux. Les tentures murales sont brodées aux motifs d’ardisia.

En 90 ans d’histoire, le restaurant traditionnel des origines est devenu un espace privatisable pour des cérémonies de mariage, avant de devenir, depuis 2017, grâce à un agrandissement des chambres, le luxueux écrin de l’Hôtel Gajoen Tokyo. Les 12 chambres wafu (de style japonais) ont réouvert en juillet dernier.
Choix extrêmement rare à Tokyo, les chambres sont aménagées de lits de luxe, pour un sommeil parfaitement confortable, alors même que le style traditionnel reste lui préservé dans les chambres à tatami qui imposent de se déchausser. Chaque chambre, d’une superficie supérieure à 80 mètres carrés, est séparée des autres par une coursive qui en fait le tour, permettant des séjours personnalisés.
Les douze chambres portent les noms d’anciennes provinces japonaises : Izumo, Musashi, Satsuma… Des noms qui sont à eux seuls des invitations au voyage. Mais le Gajoen pousse le luxe encore plus loin: dans la chambre Izumo la tête de lit est décorée de motifs d’éventails et de carapaces de tortues réalisés en tissu nishijin-ori , sur le modèle des porte-bonheurs du fameux sanctuaire d’Izumo. La tête de lit elle-même est réalisée à l’image du Furosaki byobu de la cérémonie du thé. Le coup d’œil infaillible de Rikizo Hosokawa, son sens fabuleux du luxe et la patine laissée par le passage du temps ont fait de l’Hôtel Gajoen Tokyo un musée- hôtel comme aucun autre. Avec la modernité des équipements et la beauté délicate de l’ensemble, expression parfaite de la pure tradition japonaise, séjourner dans ces chambres wafu, c’est comme joindre l’initiation d’un salon de cérémonie du thé à la vie de palace la plus contemporaine.

Les salles de bains allient les aménagements les plus contemporains, jacuzzi, sauna de vapeur... et tabouret et baquet en bois, luminaires en forme de lanterne andon traditionnels. La plus pure expression de la culture japonaise du bain.

Une pièce à collation de petite dimension, pour retrouver l’intimité des salons de cérémonie du thé. Les cloisons de bois et de papier rendent les espaces flexibles, suivant le haut degré de sagesse des aménagements japonais.