Voyage dans les montagnes sacrées du Japon

Les 3 Monts Sacrés du Kansai #01

05.03.2019

TexteBenoit Piquet PhotographiesCédric Riveau

Depuis les marches de son imposant perron de pierre, c’est toute la vallée qui s’offre au regard. Au premier plan, la ville de Sakamoto avec le sanctuaire Hiyoshi-taisha, l’un des plus importants du Japon. Vient ensuite le lac Biwa. Le plus étendu du Japon, nous dit-on, et on le croit sur parole tant l’étendue d’eau parait s’étendre loin, de part et d’autre du panorama. En face, il y a Kusatsu et la prefecture de Shiga, déjà un autre Japon. Devant nous, colossal par sa taille et plus encore par son histoire millénaire, le temple Enryaku-ji impressionne. Il est l’un des lieux qui ont fait le Japon, ni plus ni moins. C’est ici que choisit de s’établir Saicho, moine bouddhiste fondateur de la branche Tendai. On est alors à la toute fin du 8ème siècle. Nul doute que le paysage qui s’offre alors à nous n’a pas beaucoup changé depuis, exception faite des constructions que l’on aperçoit en contrebas. Depuis les hauteurs –le Mont Hiei culmine à 848 mètres–elles sont comme les pièces d’un puzzle. Ne serait le sommet qui fait obstacle, c’est Kyoto que l’on découvrirait dans la direction opposée. L’ancienne capitale n’est distante que d’une vingtaine de kilomètres. Mais voilà, la montagne est là, qui se dresse entre les deux, avec majesté mais aussi avec sa part de mystère. Lieu de pèlerinage et de retraite en même temps qu’objet de croyances, omniprésente dans les contes et légendes, la montagne occupe une place toute particulière dans l’imaginaire japonais.

Nous sommes ici dans le Kansai. Par bien des aspects, la région –que les Japonais appellent aussi parfois Kinki –est le berceau du Japon en plus d’en être son centre géographique. Dans un jeu de Shogi ce serait le roi, dans une saga historique le rôle principal, celui par qui tout arrive. Il y a bien sûr Kyoto, capitale historique et bijou tant aimé des touristes, aussi bien les Japonais que les étrangers. Il y a Osaka, réputée pour sa verve populaire comme pour son appétit pour le commerce. Et il y a Kobe, son ouverture sur l’océan, ses vues panoramiques, son architecture occidentale, vestige d’un temps passé. Tout cela est vrai mais ce n’est pas tout. C’est dans ses montagnes que se cache ici l’âme d’un Japon vieux de plus d’un millénaire, c’est dans ses sommets que s’est forgée sinon une philosophie, du moins un rapport au monde, les fondements du bouddhisme et du shintoïsme japonais. Le Kansai, ce sont des lieux au passé aussi riche que peut l’être leur influence sur l’histoire du pays, sur sa culture aussi. On pense au Mont Koya dans la préfecture de Wakayama, au sud-est d’Osaka, au Mont Yoshino dans la préfecture de Nara. Et au Mont Hiei donc, à cheval entre Kyoto et Shiga. Notre itinéraire vers les trois montagnes sacrées commence par l’aéroport international du Kansai. Il est 8h30, la journée commence à peine et « Kanku » comme on aime à appeler l’aéroport s’anime déjà au rythme des allées et venues des voyageurs. Sur le quai, le train de la ligne Nankai pour Namba nous attend. Le voyage peut commencer.