Hikaru Fujii, une muséologie nucléaire

Ancrée dans les événements sociaux contemporains “Les nucléaires et les choses” se veut une œuvre historiographique.

10.09.2020

Hikaru Fujii, “Les nucléaires et les choses”, exhibition view at KADIST, Paris, 2019. Photo: A. Mole.

L’artiste et réalisateur Hikaru Fujii a travaillé ces dernières années dans la région du Tohoku, une zone particulièrement touchée par la triple catastrophe du 11 mars 2011, un séisme, un tsunami et un accident nucléaire. Avec le projet Les nucléaires et les choses, développé dans le cadre d’une résidence à la KADIST Foundation de Paris, l’artiste cherche à reconstruire l’histoire d’un lieu fragmenté par la tragédie, en se concentrant non pas sur la catastrophe, mais sur ses conséquences.

 

Objets et histoire

Le projet associe de nombreux éléments, notamment un film qui suit un symposium entre spécialistes du monde de l’art, conservateurs, philosophes et représentants culturels, discutant de l’avenir du Musée d’histoire et de folklore de Futaba, situé dans la « zone de retour difficile » et qui a dû fermer en raison du niveau élevé de radioactivité. La lugubre vidéo met en lumière un type de discussions qui se déroulent habituellement à huis clos, et interroge les liens entre l’art, les objets, la mémoire, les musées et les différentes manières de percevoir un désastre.

Une série de photographies réalisée à Futaba présente un autre aspect de cette réalité, des toits effondrés, des vitres brisées, des jouets abandonnés, un environnement désert. Celles-ci sont juxtaposées avec des clichés d’objets dont on prend soin et que l’on protège dans des blouses chirurgicales blanches ; des objets considérés comme méritant d’être sauvés.

Hikaru Fujii a également réalisé d’autres œuvres liées à la catastrophe, dont le film Project Fukushima pour lequel il s’est intéressé à un festival d’art et de musique organisé dans la région, seulement cinq mois après le drame. L’ensemble de son travail artistique est profondément lié aux événements sociaux contemporains qu’il note et documente à la manière d’un historiographe. À ce titre, il s’intéresse au rôle des musées en tant que lieux qui préservent et perpétuent certains récits historiques, mais qui sont eux-mêmes sensibles aux contingences contemporaines.

L’œuvre de Hikaru Fujii a été présentée dans une exposition personnelle à la KADIST Foundation de Paris en 2019 et dans l’exposition collective Things Entangling au MOT Tokyo en 2020.

 

Les nucléaires et les choses (2011-2019) de Hikaru Fujii est à découvrir sur son site.

Hikaru Fujii, “Les nucléaires et les choses”, exhibition view at KADIST, Paris, 2019. Photo: A. Mole.

Hikaru Fujii, “Les nucléaires et les choses”, exhibition view at KADIST, Paris, 2019. Photo: A. Mole.

Hikaru Fujii, “Les nucléaires et les choses”, exhibition view at KADIST, Paris, 2019. Photo: A. Mole.

Hikaru Fujii, “Les nucléaires et les choses”, exhibition view at KADIST, Paris, 2019. Photo: A. Mole.

Hikaru Fujii, “The Anatomy Classroom”, 2020, installation view at Museum of Contemporary Art Tokyo. Photos: Kenji Takahashi

Hikaru Fujii, “The Anatomy Classroom”, 2020, installation view at Museum of Contemporary Art Tokyo. Photos: Kenji Takahashi