Le monde du vide de Daijiro Hama
L’entre-deux ou le vide des illustrations monochromes de l'artiste jouent sur le sens de la perception du spectateur.
‘Flying Doggie’ (2018) Daijiro Hama @Sato Gallery
À travers ses dessins aux traits éparses et effrénés et ses complexes mondes texturés, Hama joue avec l’échelle et la profondeur. En 2014 pour son exposition Mindgames 2014 à Kyoto, l’artiste a réalisé des croquis à petite échelle de personnages aux visages dissimulés, recouverts de grands dessins et imprimés sur toile ; leur fluidité met en action le mouvement décrit dans l’œuvre. « Il suffit de regarder tranquillement », écrit Kanae Sugiyama à propos de l’exposition. « Et puis, la porte de l’âme s’ouvre en son plus profond, et le dialogue avec soi-même commence… C’est sûrement la communication qui transcende les mots, un monde né d’une conscience partagée. »
Né à Izumo au Japon en 1984, l’artiste Daijiro Hama décrit sa pratique comme une tentative « de décrire le monde du vide en noir et blanc. » Aujourd’hui basé à La Haye aux Pays-Bas, Hama applique un style monochrome singulier à ses peintures, dessins et créations commerciales.
Échelle, profondeur et fluidité
À la frontière entre l’illustration et les beaux-arts, les œuvres en noir et blanc de Hama se caractérisent notamment par l’espace laissé entre les interventions : « dans l’espace vide, commence le balisage vers le monde infini de l’inconscience », explique l’artiste dans le texte accompagnant son œuvre. « Voir le vide est une manifestation au plus profond de sa propre existence. Cela devient un phénomène pour soi-même. En d’autres termes, c’est une manière d’exprimer de la « profondeur ». C’est une vision du monde dans laquelle les pôles opposés du noir et du blanc sont unifiés et sont nés » poursuit l’artiste. « Cela s’exprime avec le terme de « modération ». C’est le monde au-delà de ce qui se traduit par le bien et le mal, la vie et de la mort, l’égalité des pôles nord et sud. »
Plus récemment, Hama s’est consacré à la sérigraphie, imprimant ses illustrations sur des vêtements et coussins. Ce travail peut être découvert sur Instagram via Zoy.
Daijiro Hama est représenté par la Tokyoïte Gallery et son travail est présenté sur son site.
‘Kukan’ (2019) Daijiro Hama @Sato Gallery
‘Night Ocean’ (2019) Daijiro Hama @Sato Gallery
‘Kukan’ (2019) Daijiro Hama @Sato Gallery
‘Harmony’ (2019) Daijiro Hama @Sato Gallery
Daijiro Hama @Sato Gallery
LES PLUS POPULAIRES
-
Shunga, un art érotique admiré puis prohibé
Éminemment inventives, se distinguant par une sexualité libérée, ces estampes de la période Edo saisissent des moments d'intimité sur le vif.
-
Craig Mod revient sur une décennie de marches méditatives
Dans son livre “Things Become Other Things”, le photographe se livre à une profonde introspection initiée en arpentant la péninsule de Kii.
-
“Buto”, la danse des ténèbres révolutionnaire
Né dans un contexte d’après-guerre rythmé par des mouvements contestataires, cet art subversif rejette les codes artistiques traditionnels.
-
Quand le piège de l’adolescence se referme sur les jeunes filles
Les toiles de l’artiste Kazuhiro Hori dépeignent un univers sucré, onirique mais perverti par les représentations de la société japonaise.
-
Dieu est connecté dans “Serial Experiments Lain”
Cet anime cyberpunk expérimental de la fin des années 1990 dépeint une réalité déformée à l'ère de la communication de masse.