Himizu, ou le désenchantement de la jeunesse
Minoru Furuya met en exergue dans ce manga le mal-être d’une partie des jeunes Japonais qui peinent à trouver un sens à leur vie.

© Éditions Akata
Être jeune adolescent au Japon dans les années 2000, c’est être né au moment de l’éclatement de la bulle économique nippone, intervenue à la fin des années 1980. C’est dans ce contexte que le mangaka Minoru Furuya plante l’intrigue de Himizu, un ouvrage publié en 2001 au Japon et traduit en France à la fin 2019 aux éditions Akata.
Un personnage aspirant à la normalité
Sumida, le personnage principal de cette fresque de quatre tomes, prend corps sous les traits affinés de celui qui était jusqu’alors connu pour ses mangas où s’enchaînaient gags et facéties. Ce jeune homme n’aspire qu’à une seule chose : mener une existence normale, ni malchanceuse ni épatante. Rester dans les clous, loin de la compétition effrénée vers une réussite universitaire, sociale et amoureuse.
Pourtant, le quotidien de Sumida n’est pas des plus faciles : un père aux abonnés absents, une mère qui prend la tangente avec son nouveau petit-ami, une scolarité chaotique… Son univers se rétrécit de jour en jour, rendant la pérennité de sa routine rassurante totalement impossible. Et alors que son horizon se résume au magasin de location de bateaux dont il est responsable depuis le départ de sa mère, et au canapé cabossé jouxtant sa petite maison, quelque chose se fissure, faisant vriller ce quotidien sans vague.
Un récit au coeur de questions sociales pressantes
Dans cette série Minoru Furuya met le doigt sur la difficulté de la jeunesse nippone à trouver sa place dans une société en perpétuelle évolution et érigeant en valeur cardinale la réussite professionnelle et la famille. Comment trouver un sens à sa vie lorsque l’avenir du monde dans lequel on évolue semble plus qu’incertain ? Le mangaka tente d’apporter quelques réponses au fil des tomes, où la violence physique et psychologique s’immisce de manière prégnante.
Preuve que Himizu dépeint les problématiques de son temps, le manga a été adapté au cinéma par Sono Sion, qui a choisi quant à lui de situer l’intrigue non pas à l’éclatement de la bulle économique nippone mais à un autre point de rupture : le séisme du 11 mars 2011.
Himizu (2019), par Minoru Furuya, publié en français aux éditions Akata.

© Minoru Furuya / Kodansha Ltd. Inc.

© Minoru Furuya / Kodansha Ltd. Inc.

© Minoru Furuya / Kodansha Ltd. Inc.

© Minoru Furuya / Kodansha Ltd. Inc.

© Minoru Furuya / Kodansha Ltd. Inc.

© Minoru Furuya / Kodansha Ltd. Inc.

© Minoru Furuya / Kodansha Ltd. Inc.
LES PLUS POPULAIRES
-
Du néo-pop à l’art conceptuel, le succès des artistes contemporains japonais en France
Portées par un “japonisme contemporain”, les oeuvres de Takeru Amano, EXCALIBUR ou encore Daijiro Hama ont trouvé leur public.
-
Aux origines du Mingei, le mouvement pour les arts populaires japonais
À l'occasion du centenaire de sa création, retour sur une pensée qui a marqué l'histoire de l'art japonais.
-
AD VOYAGESÀ l’avant-garde de l’artisanat à Mie, entre tradition et innovation
De la poterie Banko à la culture de perles, sans oublier les algues aromatiques ou le saké pétillant, la région se réinvente avec durabilité.
-
Recette du traditionnel “tonkotsu” ramen par Brian MacDuckston
Originaire de Fukuoka, ce ramen est l’un des plus reconnaissables, notamment grâce à la blancheur de son bouillon et sa garniture colorée.
-
Contempler la lune lors d'“o-tsukimi”
Lors de l’équinoxe d’automne, les Japonais se réunissent pour célébrer “o-tsukimi”, la fête de l’observation de la lune.