“La vengeance d’un acteur”, mélange des genres
Kon Ichikawa livre un film d’aventure sous fond de vengeance, où se mêlent l’univers du kabuki et celui du cinéma.

© 1963 KADOKAWA. Tous droits réservés.
« Je vous vengerai tous les deux, quelle que soit la difficulté. » C’est lorsqu’il est sur scène, en pleine représentation d’une pièce de kabuki, que Yukinojo Nakamura se fait cette promesse. Il vient tout juste de reconnaître dans le public les trois hommes qui ont provoqué la ruine et le suicide de ses parents : deux commerçants et le magistrat Dobe. Pour arriver à ses fins, il va utiliser la fille de ce dernier, Namiji, qui est secrètement amoureuse de lui.
Kon Ichikawa est un réalisateur, grand nom du cinéma d’après-guerre, né en 1915 à Ise. Il débute sa carrière en 1933 en tant que créateur de dessins animés avant de devenir assistant réalisateur. Il signe en 1945 son premier long métrage, La fille du temple Dojo, entièrement tourné avec des marionnettes animées. Il se lance ensuite dans la réalisation de nombreux films populaires adaptés de bande-dessinées folkloriques avant, dans les années 1950, de s’initier aux adaptations d’œuvres littéraires, comme celle du Pavillon d’or de Yukio Mishima. La harpe, son premier film de guerre, lui permet d’obtenir une reconnaissance à l’étranger. En 2009, il reçoit, à titre posthume, un prix pour l’ensemble de sa carrière.
L’art du contraste
La vengeance d’un acteur est un film tourné en cinémascope. « En fait, grâce à ce format, j’ai pu retrouver la sensation de faire partie du public, chose que j’avais perdue durant toutes ces années passées dans le milieu du cinema », expliquait Kon Ichikawa au magazine Eiga geijutsu en novembre 1955. Le long métrage est décrit dans Le dictionnaire des films comme « un film d’aventure à l’intrigue foisonnante, aux rebondissements multiples et inattendus, mélangeant les genres avec humour, ayant recours à des décors outrés, à une musique décalée et des images déformées ».
Ce film joue sur les contrastes. Celui de l’ombre et de la lumière d’abord. Les rayons du soleil, l’éclat de la lune, les halos des bougies viennent éclairer une partie des visages ou des lames des sabres, tandis que le reste du décor est plongé dans une relative obscurité. Un jeu de clair obscur porté par des couleurs qui, lorsqu’elles se révèlent, sont particulièrement profondes. Des contrastes présents également dans une bande sonore qui alterne musique japonaise traditionnelle et jazz. Enfin, Kon Ichikawa, dans son adaptation, brouille les pistes, donnant parfois l’impression, de par le jeu de décors, d’éclairage et de mouvements de caméra, que l’on observe une représentation de kabuki.
La vengeance d’un acteur, adaptée par Kon Ichikawa, est une histoire qui est parue initialement dans la presse sous forme de feuilleton, avant d’être représentée une première fois au cinéma en 1935 par Teinosuke Kinugasa. Kazuo Hasegawa joue déjà dans cette première version, sous le nom de Chojiro Hayashi. Il sera choisi également par Kon Ichikawa pour endosser un des rôles de son adaptation sortie en 1963 au Japon et en 1975 dans les salles de cinéma françaises.
La vengeance d’un acteur (1975), un film réalisé par Kon Ichikawa disponible en VOD sur le site de Carlotta.

© 1963 KADOKAWA. Tous droits réservés.

© 1963 KADOKAWA. Tous droits réservés.

© 1963 KADOKAWA. Tous droits réservés.

© 1963 KADOKAWA. Tous droits réservés.

LES PLUS POPULAIRES
-
« C’est un plaisir sincère que mes objets soient reconnus comme appartenant au cercle du Mingei »
Les couverts de laiton soigneusement façonnés par Ruka Kikuchi dans son atelier de Setouchi sont appréciés dans tout le Japon et ailleurs.
-
« Le Mingei reste toujours insaisissable, cent ans après sa naissance »
Sō Sakamoto est un potier d’Onta-yaki, une forme de céramique datant du XVIIIe siècle mise en avant par Sōetsu Yanagi, fondateur du Mingei.
-
« On dit souvent qu’il faut apprendre de ses échecs… mais est-ce vraiment si simple ? »
Dans “Guide de survie en société d'un anti-conformiste”, l'auteur Satoshi Ogawa partage ses stratégies pour affronter le quotidien.
-
Du Japon vers le monde, des photographes appelés à s’imposer à l’international
Le T3 PHOTO FESTIVAL 2025 expose cinq photographes japonais émergents et confirmés, afin de soutenir leur rayonnement à l’étranger.
-
“Le Japon interdit”, l'oeil d’Irina Ionesco
Dans cet ouvrage, la photographe va au plus près des corps, révélant ceux, tatoués, de “yakuza” ou celui, érotisé, d'une artiste underground.



