Le Japon, l’autre nation du café
Alors que l’on associe davantage le Japon au thé, le café et les lieux où le déguster imprègnent pourtant la société nippone.
© University of California Press
Dans son ouvrage Coffee Life in Japan, Merry White retrace l’engouement du Japon pour le café depuis le début du XXème siècle, alors que l’archipel reste souvent célébré pour sa culture du thé.
La professeure d’anthropologie à l’université de Boston revient sur l’arrivée des premiers grains de café au Japon, notamment par l’intermédiaire des missionnaires portugais dès les années 1500. Puis raconte comment, à la fin des années 1800, des cultivateurs japonais ont été envoyés par leur entreprise travailler dans les champs de café brésiliens, avant que des négociants en café brésiliens ne commencent à multiplier les séjours commerciaux dans l’archipel. C’est quelques années plus tard, en 1900, que la première chaîne de cafés au monde, Café Pauliste, est créée au Japon avec l’appui du gouvernement brésilien.
Les cafés, des lieux où l’on peut être quelqu’un d’autre
Mais Coffee Life in Japan aborde aussi la question des cafés, ces lieux que l’autrice décrit comme des « troisièmes espaces », qui ne sont ni le domicile, ni le lieu de travail ou l’école.
« Les cafés sont un peu comme un décor de théâtre. Vous devenez une personne différente lorsque vous y entrez. C’est un lieu où l’on va pour ne pas être la personne que l’on est dans les autres endroits », détaille-t-elle, avant de poursuivre, « Beaucoup de cafés sont un endroit pour être privé en public. Y venir seul et être contemplatif est très apprécié par les Japonais. On ne voit pas beaucoup d’ordinateurs portables dans les cafés au Japon. »
De la révolte à la rêverie
On y découvre alors que les cafés sont non seulement des lieux de rêveries solitaires mais de débats et de réunion puisqu’ils ont notamment, dans les années 1930 et 1960, accueilli les rassemblements d’étudiants qui participaient aux mouvements de révoltes. Le café et les cafés sont donc bien plus politiques qu’il n’y paraît et leurs évolutions dessinent les contours de celle de la société japonaise, tant sur les questions sociales que de genre, ou encore urbaines.
Dans une seconde partie, Merry White présente l’art de la préparation du café japonais, notamment par l’entremise de la méthode du siphon et de la verseuse. Elle détaille les équipements précis en fonction des usages et dresse, en guise de conclusion, une liste annotée de cafés desquels pousser les portes lors d’une prochaine visite à Tokyo ou à Kyoto. D’ici là, il est possible de capter l’essence de ces cafés typiquement japonais, les kissaten, par l’intermédiaire de la série Kissa by Kissa du photographe Craig Mod.
Coffee Life in Japan (2012), un ouvrage de Merry White publié aux éditions University of California Press (uniquement en anglais).
© University of California Press
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