Stomu Yamashta, le plus grand percussionniste du monde
Le disque culte “Sunrise from West Sea” (1971) relate son incursion dans l'univers du free-jazz et du rock psychédélique japonais.
YAMASH'TA & The HORIZON, “SUNRISE FROM WEST SEA” (1971). Avec l'aimable autorisation de Wewantsounds.
Nombre de musiciens japonais ont travaillé à une rencontre entre Orient et Occident ; parmi eux, Stomu Yamashta — percussionniste de légende, devenu grâce à sa batterie une idole pour le monde de la musique classique —, est un artiste aussi singulier que génial.
La réédition spéciale de Sunrise from West Sea, album live enregistré au Yamaha Hall de Tokyo en 1971, et réédité pour la première fois en 2022 par le label français Wewantsounds, relate l’incursion dans l’univers du free-jazz et du rock psychédélique du Japon d’un interprète classique reconnu. Ce dernier a permis la formation du groupe Yamash’ta & the Horizon, dans lequel il s’associe à Masahiko Satoh, pianiste à l’origine de certains des disques de jazz les plus expérimentaux de l’époque, et à Takehisa Kosugi, violoniste électrique et figure clé de l’extravagant collectif Taj Mahal Travellers.
Dissonance cosmique
Le disque propose une plongée dans les paysages sonores psychédéliques qui fleurissaient parmi les hippies et les avant-gardes de l’époque ; un univers fait de koto et d’orgue électriques, de chants, de hurlements, de thérémines et de bruits radio, mais également des interventions brutales de Stomu Yamashita. Enregistré très peu de temps après sa rencontre avec Masahiko Satoh — une alliance explosive qui a notamment fait naître l’album Metempsychosis (1971) —, Sunrise from West Sea voit la batterie de Stomu Yamashita muter en un véritable volcan.
Stomu Yamashta stimule la « grande musique » moderne alors naissante et ce, à travers les textures de ses compositions. Dans le même temps, il improvise habilement ses jeux de rythmes et de timbres. Sa maîtrise des ajustements entre bruit et silence matérialise les liens entre la philosophie bouddhiste et la percussion traditionnelle, et tisse le fil d’un chef-d’œuvre ô combien avant-gardiste.
Le génie de Stomu Yamashta a rapidement été détecté par son père, directeur de l’Orchestre philharmonique de Kyoto. Son style de batterie unique — sa manière de se déplacer sur la scène, d’y balancer ses cheveux bouclés tout en interprétant des morceaux très exigeants — a attiré l’attention de compositeurs de renommée internationale dont Thor Johnson, Peter Maxwell Davies, John Cage et Hans Werner Henze.
Pulsions
En 1969, Time Magazine décrit l’une de ses performances de manière particulièrement élogieuse : « La star de la soirée était le percussionniste Stomu Yamash’ta… Après un puissant roulement de grosse caisse, Yamash’ta a accéléré et commencé à passer d’un instrument à l’autre. Cheveux flottants, bras volants, il poussait, frappait, chatouillait et taquinait les instruments. À un moment, il a balancé ses deux mains, soufflant simultanément sur des bâtons de bambou, donnant des coups de pied dans des cloches de prière et frottant frénétiquement son corps contre les gongs. La performance a été ovationnée par le public. »
Grâce à sa proximité avec le célèbre compositeur Toru Takemitsu, Stomu Yamash’ta rencontre Takehisa Kosugi, connu pour avoir parcouru le monde avec les Taj Mahal Travellers, un collectif nomade renommé pour ses improvisations de « musique de drone. » À leurs côtés figuraient Hideakira Sakurai, virtuose du shamisen électrique, et le pianiste et légende du jazz expérimental Masahiko Sato (également connu pour avoir composé la bande originale du film d’animation culte La Belladone de la tristesse). Face à un public d’invités triés sur le volet — artistes, musiciens et amis —, le groupe réalise une performance mémorable de minuit jusqu’à l’aube. Si l’album se déploie à la manière d’un paysage sonore infini, Sunrise from West Sea n’offre qu’un fragment de cette session légendaire de six heures, une extravagance musicale devenue légendaire, que les amateurs et collectionneurs du monde entier vénèrent aujourd’hui.
Sunrise from West Sea (1971) de Yamash’ta & The Horizon est disponible sur la page officielle bandcamp de Wewantsounds.
Avec l'aimable autorisation de Wewantsounds.
Avec l'aimable autorisation de Wewantsounds.
Avec l'aimable autorisation de Wewantsounds.
Avec l'aimable autorisation de Wewantsounds.
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