Trois petits bijoux d’hôtels viennent d’ouvrir à Kyoto

À Kyoto, sillonnée toute l’année par les visiteurs japonais et étrangers, les hôtels fleurissent les uns après les autres. Trois établissements aussi intimes que raffinés y ont ouvert leurs portes en 2018.

Dans la surabondance d’hébergements de tous styles proposés à Kyoto – des hôtels étrangers de luxe aux locations de machiya, pour oublier un temps des préoccupations du quotidien et venir s’imprégner de l’esthétique intemporelle de l’ancienne capitale, il s’agit de bien choisir son lieu de séjour. Ajoutez donc à votre liste de sélection trois petits hôtels qui ont ouvert il y a peu, en 2018. Pour stimuler votre sensibilité architecturale et artistique, pour satisfaire vos cinq sens dans un espace ultra-confortable, ou pour savourer un petit-déjeuner si sain qu’il vous purifie de l’intérieur, voilà trois hôtels qui ne se limitent pas à offrir un séjour agréable, mais qui s’harmonisent avec l’atmosphère de l’ancienne capitale.

Le concept de MOGANA, ouvert depuis le 7 décembre 2018, est celui de Yosooi, qui signifie à la fois embellir, décorer, et se préparer à accueillir, à servir, puis à accompagner le départ d’une personne. « Yosooi enrichit le quotidien. Enrichir le quotidien, c’est enrichir la vie » : de cette approche est née une nouvelle forme d’hospitalité.

C’est l’architecte Takashi Yamaguchi, originaire de Kyoto, qui est à l’origine de la conception. Il a exploité l’espace du long couloir – appelé chambre a coucher des anguilles pour son étroitesse et sa profondeur -, en recouvrant le sol de plaques d’acier imitant les tatamis, et il a disposé un treillis sur le plafond et les murs. Le petit jardin – tsuboniwa– qui intègre la nature au bâtiment, la mise en relief de la verticalité de l’espace qui s’ouvre jusqu’au plafond, sont autant d’éléments qui revisitent ce style architectural traditionnel de Kyoto en version moderne.

Le petit-déjeuner est servi dans les chambres, cuisiné à base de produits frais de l’île d’Awaji, et servi dans des poteries de cette même région. Vous pourrez aussi tester la ligne de cosmétiques biologiques SHIGETA, en exclusivité pour l’hôtel, ainsi que des articles réalisés en collaboration avec des créateurs japonais, comme les zori (sandales de paille) et les coussins de la marque de vêtements matohu, inspirée de l’esthétique japonaise.

Avoir envie de passer quelques nuits à Kyoto comme si on y habitait, au fil des manifestations saisonnières… Le lieu idéal pour vivre cette expérience se nomme ENSO ANGO. Il regroupe sous ce nom générique cinq hôtels disséminés dans les rues Fuyacho, Tominokoji, et Yamatoji, entre Shijo et Gojo.

La conception d’ensemble est l’œuvre du bureau d’architecture Uchida Design Inc., fondé par feu Shigeru Uchida, à laquelle ont participé les artistes et architectes Masanobu Ando, Naoki Terada, Katsuhiko Hibino et Atelier Oï. Chacun s’est chargé d’un pavillon, d’envergure distincte, pour donner vie à un lieu unique, dans sa décoration et dans ses œuvres d’art. Les cinq pavillons totalisent 229 chambres de styles divers – à deux lits avec cuisine, ou encore à lits superposés. Les hôtes peuvent passer d’un pavillon à l’autre pour profiter du restaurant, du bar ou de la salle de sport, qui sont répartis dans les différents bâtiments, et vivre au rythme de la ville pendant leur séjour. L’hôtel propose aussi un programme d’activités culturelles sélectif et original – même pour les habitués de Kyoto -, comme une course à pied dans les rues de la ville le soir, ou une expérience de zazen avec le prêtre en second du temple Ryosokuin attaché au Kenninji.

Le nom de l’hôtel est composé de deux termes de la pensée zen. ENSO signifie le cercle (symbole spirituel de l’éveil) et ANGO la paisible demeure (période de retraite). Leur combinaison évoque un lieu d’opportunités qui offre des possibilités illimitées…

Babaguri, la marque créée par le feu modéliste Jurgen Lehl, profondément empreinte de la sensibilité esthétique de son créateur, continue à produire une collection artisanale dans des matières naturelles et raffinées. Il existe maintenant un lieu pour venir se plonger dans ce monde… Le bâtiment, vieux de 48 ans, a été entièrement rénové sous la direction de l’architecte Nobuyuki Fujimoto, qui s’est également chargé de toute la décoration intérieure. Le rez-de-chaussée accueille un café, et les trois niveaux supérieurs sont occupés par l’hôtel, qui propose une chambre par étage.

C’est la tonalité des chambres qui surprend tout d’abord. Il y a la noire d’encre, la bleue et la rouge : chacune décline élégamment sa palette chromatique dans les nuances des murs et dans les tissus, comme les beaux couvre-lits en appliqués indiens cousus main. La lumière du matin qui pénètre par la grande fenêtre orientée au sud, le sol en béton à granulat – araidashi– si doux aux pieds nus, les vêtements d’intérieur en Khadi de coton filé… Tout dans ce lieu apaise les sens et détend en profondeur. Le petit-déjeuner est un must. Il s’inspire de l’assiette de légumes biologiques du déjeuner du personnel de la cafétéria Jurgen Lehl.  Idéal pour commencer la journée revigoré.