Aogashima, voyage en terre isolée
Le photographe Hamish Campbell explore dans sa série “Life among the twin calderas” le quotidien sur cette île au sud de Tokyo.
© Hamish Campbell
Aogashima est une île qui se mérite. Pour rejoindre ses 8,75 km2, il faut, depuis Tokyo, prendre un premier ferry pendant 10 heures jusqu’à Hachijojima puis un deuxième bateau qui mènera le voyageur à destination en 4 heures. « Mais le deuxième bateau est annulé environ 50 % du temps, en raison des fortes vagues qui rendent l’arrivée au port d’Aogashima très dangereuse », précise Hamish Campbell dans une interview à Pen.
Le photographe est l’auteur d’une série photographique argentique, en noir et blanc, dédiée à ce petit bout de terre, sur lequel trônent, majestueuses, deux calderas, preuve de l’activité volcanique de l’île. Life among the twin calderas ne devait être, à l’origine, qu’un projet dédié au port et aux paysages industriels d’Aogashima. Mais au fil de ses pérégrinations, le photographe a étendu son objet de travail. « Je me suis attaché à explorer tous les chemins secrets de l’île, et j’ai commencé à les photographier. J’ai commencé à connaître les habitants et j’avais l’impression que si je ne montrais que le paysage, je ne rendrais pas justice à l’île », explique celui qui a fait du thème de l’isolement géographique, social ou culturel la pierre angulaire de son travail.
Un isolement relatif
« L’île semble être un endroit impossible ou dangereux à vivre, juste au bord d’un volcan dormant comme celui-là. Cela accentue cette image de mystère et de danger, mais ces éléments ne sont pas du tout présents dans la vie quotidienne des habitants. En fait, c’est plutôt le contraire. L’énergie géothermique de la région a permis aux habitants de produire du sel marin, l’un de leurs principaux produits d’exportation. C’est pourquoi, plutôt que d’éprouver de la peur ou de la méfiance, ils l’envisagent comme un cadeau généreux de la nature, qui subvient à leurs besoins », poursuit Hamish Campbell qui découvre ainsi que la vie autour de ces calderas n’est pas si solitaire qu’elle y paraît. « Les gens sont certes isolés géographiquement, mais c’est tout. Grâce à leur incroyable communauté, ils ne se sentent pas du tout isolés. » Sur les clichés, la végétation luxuriante du cœur de l’île contraste avec la forte minéralisation du port. Des portraits de travailleurs succèdent aux photos prises lors de festivals ou de fêtes de village.
Life among the twin calderas est aussi un projet pensé par Hamish Campbell comme un prolongement de son travail dédié à une maison de l’ère Taisho, un projet conçu en quelque sorte à quatre mains. « Pour Life among the twin calderas, je voulais m’assurer que tout était entièrement réalisé de ma propre main, aussi physiquement et littéralement que possible. J’ai donc travaillé à l’argentique, développé toutes les bobines moi-même dans ma cuisine, puis j’ai réalisé les tirages à la main dans une chambre noire. J’avais l’impression que je devais me prouver que je pouvais faire quelque chose de valable tout seul », détaille le photographe.
Une série complétée par un documentaire
En complément de cette série photographique, Hamish Campbell a également tourné un documentaire afin de pouvoir retranscrire le plus justement possible la nature insulaire de l’endroit. « La vidéo montre les couleurs luxuriantes de la jungle de l’île et s’appuie sur des images par drone pour mettre en contexte la place de l’île au milieu de nulle part. Quant aux photos, elles s’attardent sur les détails des lieux et des personnes, fournissant la texture et l’atmosphère la plus précise de ce que j’ai ressenti en explorant l’espace. » Ce double projet a déjà été exposé à Sydney et à Tokyo. Pour visionner le documentaire, il suffit de contacter Hamish Campbell pour une projection privée.
Life among the twin calderas (2018), une série de photographies par Hamish Campbell, à retrouver sur son site internet.
© Hamish Campbell
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© Hamish Campbell
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