Des clichés japonais du XIXème siècle à découvrir en ligne
La New York Public Library rend accessible gratuitement sur son site les premières photographies japonaises prises durant l'ère Meiji.
Girls Feeling © New York Public Library
Les représentations du Japon féodal ou de l’époque Edo étaient majoritairement transmises et popularisées en Occident jusqu’au XIXème siècle par le biais des estampes, ces images issues de gravures sur bois. Au début de l’ère Meiji (1868-1912), le Japon découvre la photographie, une nouvelle manière de capturer le quotidien. De multiples clichés sont alors pris par des photographes japonais ou étrangers, figeant des paysages, portraits ou scènes de la vie de tous les jours. Une centaine de ces instantanés nippons ont été numérisés puis mis en ligne par la New York Public Library, et sont désormais en libre accès sur son site.
On peut ainsi découvrir dans cette collection, intitulée Photographs of Japan, des combats de sumo, des Japonaises vêtues de kimono, des marchands de tissus en pleine négociation ou encore des parades de festival, immortalisées dans la seconde moitié du XIXème siècle. Des lieux connus, dont certains sont aujourd’hui toujours intacts, s’y distinguent et au fil des clichés, on constate l’évolution, notamment architecturale, du Japon en moins de deux siècles.
L’arrivée de la photographie au Japon
C’est en 1848 que le premier daguerréotype est importé au Japon, par des navires néerlandais ancrés au port de Nagasaki. Une découverte tardive, puisque ces boîtiers photographiques font alors depuis plus de quinze ans des émules en France. Le 8ème art va bientôt conquérir tout l’archipel, l’arrivée de la photographie coïncidant avec la modernisation du pays qui rompt, à partir de 1853, sa politique isolationniste.
Ce sont dans un premier temps des photographes étrangers, à l’instar de Felice Beato, qui capturent ces instantanés, desquels s’échappent un brin d’orientalisme. Mais il faut peu de temps aux Japonais pour ouvrir leurs propres studios de photographie, comme Kusakabe Kimbei qui est, dans un premier temps, le coloriste de Beato. Car les couleurs de ces photographies du XIXème siècle sont en réalité apportées après leur développement par des artisans qui colorisent les tirages minutieusement au pinceau.
La boucle est bouclée lorsque des graveurs d’estampes croquent sur leurs papiers ces nouveaux artistes de l’image, comme sur une estampe d’Issen Yoshikazu datant de 1869. On y voit des Français pratiquer la photographie, représentés avec un imposant appareil photo et des fioles de produits chimiques qui viennent révéler l’image sur la plaque de métal.
Si le Japon découvre tardivement la photographie, l’archipel rattrape rapidement son retard, puisqu’il deviendra, quelques décennies plus tard, la nation phare de l’industrie photographique avec des fleurons tels que Olympus, Canon ou encore Nikon.
Photographs of Japan, une collection de la New York Public Library, disponible sur son site internet.
Asakusa Temple at Tokyo © New York Public Library
General View of Tokyo © New York Public Library
Osaka Castle © New York Public Library
Cherry Blossoms at Tokyo © New York Public Library
Dance to the Shamisen Music © New York Public Library
A Festival © New York Public Library
A Dry Goods Store © New York Public Library
Issen Yoshikazu, Français, estampe polychrome, format ôban, 1861, coll. Christian Polak, Tôkyô
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