Hideaki Kawashima face à la mélancolie ordinaire
Les séries de portraits réalisées par l’artiste japonais résultent d’un travail d’introspection mené au fil de sa carrière.

Hideaki Kawashima, “Philosophy” (2018) © Tomio Koyama Gallery
Face aux œuvres du peintre japonais né en 1969, le public est captivé, il tente de déchiffrer des émotions qui ne se dévoilent pas pleinement. Existe-t-il un lien avec la formation de deux ans au bouddhisme suivie au temple Enryakuji du Mont Hiei par Hideaki Kawashima et ce, avant de se consacrer pleinement à sa pratique artistique ?
Ces portraits, l’artiste explique qu’ils « sont des projections de [lui]-même, qui sont en effet comme des autoportraits », dans un texte publié en 2018 à l’occasion d’une exposition à la Tomio Koyama Gallery.
Exprimer ses regrets
Les personnages représentés par Hideaki Kawashima, seuls ou en groupes, apparaissent pensifs, démotivés, pour certains lassés de leur quotidien, dans des instants que nous traversons tous. Un groupe d’étudiants, tous identiques, sont dépeints s’évadant à l’occasion d’une pause à la bibliothèque, immobiles face au public, figés dans leur esprit. À la manière de natures mortes — des vases fleuris sont par ailleurs présents dans son travail —, les personnages, dont l’âge et le genre est difficile à définir, subissent la vie, semblent y renoncer. Davantage qu’une souffrance silencieuse, ils apparaissent résignés, que cela soit sous la douche ou face à leur déjeuner.
Quand on l’invite à exprimer ce qui le motive à peindre, Hideaki Kawashima précise : « J’en suis venu à penser que ce que je peignais étaient les réserves que j’avais contre moi-même à l’époque (quand j’étais adolescent). Que ce soit le narcissisme, la romance ou le cours de ma carrière, je ressentais ce fort sentiment associé à des regrets. Je crois que c’est ce qui me pousse à peindre.»
Les précédentes productions de l’artiste, qui ne laissaient apparaître que des visages féminins aux traits humains moins définis, sont également à découvrir sur le site de la Tomio Koyama Gallery.

Hideaki Kawashima, “Cyclamen” (2018) © Tomio Koyama Gallery

Hideaki Kawashima, “Shower” (2017) © Tomio Koyama Gallery

Hideaki Kawashima, “Youth” (2018) © Tomio Koyama Gallery

Hideaki Kawashima, “Sigh” (2017) © Tomio Koyama Gallery

Hideaki Kawashima, “Monk” (2017) © Tomio Koyama Gallery
LES PLUS POPULAIRES
-
Namio Harukawa, maître du dessin SM
“Garden of Domina” offre une plongée dans l’univers d'une icône de l'“oshiri”, dont l’œuvre a aujourd’hui atteint le monde entier.
-
Chiharu Shiota, fils rouges de l'âme
L’année dernière, plus de 660 000 personnes ont visité la rétrospective Chiharu Shiota: The Soul Trembles au musée d’art Mori.
-
Utagawa Hiroshige, maître de l’estampe paysagère
Son utilisation des variations météorologiques, de la profondeur de champ et du bleu de Prusse ont marqué la pratique de l'ukiyo-e.
-
“Mémoires d’une geisha”, déconstruction d’un fantasme
Inspiré d'une histoire vraie, le livre de Yuki Inoue offre un regard intime sur la vie de ces dames de compagnie au début du XXème siècle.
-
Cuisiner les nuages, la proposition aérienne de Ryoko Sekiguchi
Dans “Le nuage, dix façons de le préparer”, l'écrivaine réhabilite un terme ancien désignant divers ingrédients et le décline en recettes.