Kaita Murayama, artiste fulgurant redécouvert 100 ans après sa mort

10.08.2019

TexteRebecca Zissmann

Self portrait wearing a paper balloon (1914), Private collection

Comme de nombreux artistes nés au XIXe siècle, Kaita Murayama a connu une fin tragique. Son destin de jeune peintre et poète prodige a été brutalement interrompu par la tuberculose qui a fauché sa vie en 1919, alors qu’il n’est âgé que de 22 ans.

Tombé dans l’oubli du grand public, Murayama est célébré à l’occasion du centenaire de sa mort grâce à la découverte d’une centaine de ses œuvres de jeunesse. Celles-ci sont présentées pour la première fois au public au Musée d’art pour enfants de Okazaki, sa ville natale, puis au Musée d’Art de Ueda, dit Santomyuze jusqu’au 1er septembre. Les esquisses, dessins et même onze peintures à l’huile étaient restées en possession d’un camarade de classe de Murayama, du temps où ils fréquentaient le collège préfectoral n°1 de Kyoto, jusqu’à leur mise au jour en 2018.

Connu pour son style flamboyant, sauvage, impulsif, voire même sulfureux, Murayama use d’aplats de peinture rouge pour faire ressortir les chairs de ses sujets, placés sur fond sombre. Il s’avère cependant qu’avant son arrivée à Tokyo, ses peintures étaient radicalement différentes. On s’émerveille désormais des paysages aux douces couleurs pastel ayant refait surface et qui révèlent une facette plus diligente et raffinée du peintre, en accord avec les règles de l’art de l’époque.

Kanna (1915), Private collection

Certains pendants de ses œuvres les plus connues font partie des nouvelles pièces. Comme « Kanna » (Canna, 1915), une peinture à l’huile produite la même année que « Kanna to Shojo » (Canna et la fille), une de ses aquarelles les plus appréciées. « Kumo Waku-Yama » (Montagne et amas de nuages) daterait quant à elle de 1911. Cette peinture à l’huile aurait donc été achevée alors que Murayama n’avait que 15 ans et avant sa venue à Tokyo.

Né à Okazaki dans la préfecture d’Aichi en 1896, c’est en deuxième année du collège que Murayama est initié à la peinture par son cousin peintre Kanae Yamamoto. Celui-ci l’encourage à devenir un artiste et lui offre un set complet de peinture à l’huile que Murayama use à n’en plus finir. Par la suite, le jeune peintre déménage à Kochi puis à Kyoto, au fil des mutations de son père. Avant de décider de tenter sa chance à la capitale à 18 ans, où il arrive fort du désir de devenir un artiste reconnu.

L’année même de son arrivée à Tokyo, en 1914, il expose quatre œuvres à la « Nikaten », l’exposition organisée par la Nikakai, une organisation d’artistes formée cette année-là en opposition à l’exposition « Bunten » financée par le gouvernement japonais. C’est lors de cet évènement qu’un de ses tableaux est acheté par Taikan Yokohama, le grand maître du Nihonga. Une chance pour Murayama dont le travail attire alors l’attention et qui jouit d’une brève reconnaissance avant de sombrer dans l’oubli.

Ce qui fait que l’on connaissait très peu d’œuvres de lui. Jusqu’en 2018, seules vingt-sept peintures à l’huile avaient été authentifiées comme étant de sa main.

A girl with roses (1917), The National Museum of Modern Art, Tokyo

Landscape of Boushu area (1917), Private collection

Mountain with gathering clouds (1911), Private collection

Gate of a temple (1910), Private collection

Naked monk urinating (1915), Nagano Prefectural Shinano Art Museum