Koki Tanaka, les théories du comportement comme marqueurs générationnels

L’artiste puise ses références dans l’éducation japonaise propre à sa génération et dans le riche héritage de la tradition artistique locale.

21.09.2020

"A Haircut by 9 Hairdressers at Once (Second Attempt)", 2010, Collaboration, video documentation (28 min), Zindagi Salon, San Francisco. Curator: Julio Cesar Morales, Commissioned by Yerba Buena Center for the Arts, San Francisco, Production photography: Tomo Saito,Participants: Victor A. Camarillo, Kristie Hansen, Nikki Mirsaeid, Olga Mybovalova, Sandra Osorio, Anthony Pullen, Brian Vu, Nicole Korth, Erik Webb, Karen Yee | photo courtesy of the artist, Vitamin Creative Space, Guangzhou and Aoyama Meguro, Tokyo

Koki Tanaka s’exprime principalement à travers la vidéo et a, dans ses premiers travaux, beaucoup travaillé la technique du looping. Né en 1975, on a souvent dit de lui qu’il était un pur produit de sa génération. Son adolescence est marquée par les conséquences de la crise économique et sa pratique, jusqu’à ses choix de medium, a été fortement influencée par le contexte social de cette époque. Beaucoup de ses premières œuvres, au milieu des années 90, semblent tout droit sorties d’un 100-yen shop. C’est à partir de ce matériel qu’il engage un travail critique sur la perception et la conscience.

 

Une œuvre émerge de multiples mains

Pour ses travaux suivants, comme A Haircut by 9 Hairdressers at Once (2010), l’artiste s’entoure de collaborateurs auxquels il assigne la réalisation en simultané d’une unique tâche. La séquence, sorte d’expérimentation ouverte, fait la lumière sur la nature routinière des comportements et des relations interpersonnelles.

Comme il s’en explique dans une interview à Art It, « la finalité du projet n’est pas de réaliser la tâche, pour elle-même, mais bien plutôt d’en montrer le processus de création. » Pour aussi enraciné qu’il soit dans le présent, le mouvement anti-art du Japon des années 60 apparaît aussi en filigrane dans son travail. S’appuyant sur ses expérimentations précédentes, il scrute aujourd’hui les grands évènements de son temps, comme le tsunami de 2011 ou le désastre de Fukushima, pour en montrer l’impact sur le quotidien des gens. Le mouvement anti-art des années 60 n’est qu’une référence parmi beaucoup d’autres pour Koki Tanaka, profondément influencé aussi par l’avant-garde japonaise de l’après-guerre du Gutai au Mono-Ha.

Qu’il se mette lui-même en scène dans son travail vidéo, ses performances ou ses installations, ce qui est la caractéristique de ses premières oeuvres, ou fasse appel à des collaborateurs, la place accordée au geste reste toujours prépondérante. Qu’il s’agisse de couper des cheveux, de jouer du piano, de lâcher des seaux d’eau ou bien de lancer des balais, c’est à partir de ses expérimentations et de ses recherches qu’émerge une réflexion qui met en lumière des comportements sociaux.

 

A Haircut by 9 Hairdressers at Once (2010), une oeuvre de Koki Tanaka à retrouver sur sa chaîne Vimeo.

“A Haircut by 9 Hairdressers at Once (Second Attempt)”, 2010