La transe onirique de Bill Viola
Au début de sa carrière, le vidéaste américain a choisi le Japon pour cadre de sa plongée dans le subconscient.
Bill Viola “Hatsu-Yume (First Dream)”, 1981 Color video, stereo sound Photo: Kira Perov
En 1981, l’artiste américain est invité en résidence au Japon par Sony. De ce voyage naît la vidéo Hatsu Yume (First Dream). 56 minutes de balade sur l’île d’Honshu, des espaces urbains surpeuplés de Tokyo jusqu’aux régions reculées d’Osorezan pour une œuvre métaphorique, décrite dans le texte l’accompagnant comme « une observation personnelle de la culture japonaise avec une contemplation métaphysique de la vie, la mort et la nature, obtenue grâce à une exploration symbolique de la relation qu’entretient la vidéo avec la lumière et la méditation. »
Comme le note la journaliste Herade Feist, Bill Viola est né en 1951, l’année où le chanteur américain Bing Crosby présentait à Los Angeles le premier magnétoscope. « L’un des plus célèbres représentants de l’art vidéo est donc né la même année que son medium. » Pionnier de l’art vidéo, aux côtés de Nam June Paik ou Bruce Nauman, son œuvre tourne depuis le début des années 1970 autour des thèmes de la vie, la mort, le sommeil, la solitude, la douleur, l’identité ou la spiritualité. Formé à la Syracuse University, il s’exprime principalement à travers des installations monumentales.
La terre est la mort du poisson – L’obscurité est la mort de l’homme
Au début des années 1980, Bill Viola passe près d’un an et demi au Japon. Il étudie le bouddhisme zen et le théâtre nô. Cette première plongée dans la culture japonaise lui permet d’associer ses recherches à l’art de la méditation. Captivé par la lumière et les paysages observés au cours de son voyage, l’artiste enregistre différentes vidéos organisées sous la forme du cycle d’une journée. Tout est ici métaphore : le début du jour et sa fin, entre clarté et obscurité, renvoient aux questions de l’opposition et la différence, de la nouveauté et la fin, du rationnel et de l’inconscient, de l’urbain et du naturel.
Dans le texte accompagnant Hatsu Yume, Bill Viola précise son intention. « Je pensais à la lumière et son rapport à l’eau et à la vie, et aussi à son contraire – l’obscurité ou la nuit et la mort. La vidéo traite la lumière comme l’eau. Elle devient fluide dans le tube vidéo. L’eau soutient le poisson comme la lumière soutient l’homme. La terre est la mort du poisson – L’obscurité est la mort de l’homme. » Un poème sous forme de balade visuelle, hypnotique.
La vidéo n’est malheureusement disponible dans son intégralité que dans le cadre d’expositions, et elle fait partie des collections des plus grands musées du monde, tels que le MoMA, le Stedelijk Museum ou le Centre Pompidou.
En 2016 l’artiste achevait une seconde installation permanente dans la Cathédrale Saint-Paul de Londres, avec comme objectif d’en faire des « objets esthétiques d’art contemporain tout comme des supports traditionnels de contemplation et de dévotion. » Un film a été réalisé à propos de ce travail, Bill Viola: The Road to St Paul’s (2017).
Hatsu Yume (1981), une vidéo de Bill Viola à retrouver dans la collection du Centre Pompidou.
Bill Viola “Hatsu-Yume (First Dream)”, 1981 Color video, stereo sound Photo: Kira Perov
Bill Viola “Hatsu-Yume (First Dream)”, 1981 Color video, stereo sound Photo: Kira Perov
Bill Viola “Hatsu-Yume (First Dream)”, 1981 Color video, stereo sound Photo: Kira Perov
Bill Viola “Hatsu-Yume (First Dream)”, 1981 Color video, stereo sound Photo: Kira Perov
Bill Viola “Hatsu-Yume (First Dream)”, 1981 Color video, stereo sound Photo: Kira Perov
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