“Le Japon interdit”, l’oeil d’Irina Ionesco
Dans cet ouvrage, la photographe va au plus près des corps, révélant ceux, tatoués, de “yakuza” ou celui, érotisé, d'une artiste underground.
© Irina Ionesco - Arts Galerie Benchaieb
Le Japon interdit d’Irina Ionesco renferme plusieurs univers. Celui de la photographe, léché et précis, mais aussi libre et où les corps, nus ou à demi-nus, sont sublimés. Celui des yakuza, qu’elle a pu photographier le temps d’un après-midi, perdue dans un hôtel d’une petite ville de province japonaise et enfin, celui de Romantica, une artiste de la scène underground tokyoïte. L’ouvrage est scindé en deux volets, antagonistes mais complémentaires, avec une constante, le corps, offert aux regards, puissant et magnifié. D’un côté, l’univers masculin des yakuza, de l’autre, celui presque boudoir de Romantica.
Irina Ionesco est une photographe française née en 1935 à Paris. Connue principalement pour ses clichés de femmes — parées de quelques atours, uniques accessoires de leur nudité, souvent érotisée — elle est également photographe de mode pour la presse.
Des yakuza mis à nu
Dans le sens de lecture occidental, le lecteur découvre la série Tatouage Yakuza, réalisée par Irina Ionesco en 1996. Alors en voyage à Tokyo pour une série de conférences et la mise en place d’une exposition, elle est mise en relation, par l’intermédiaire de son éditeur japonais, avec un clan de mafieux. Elle part donc un dimanche pour la campagne japonaise, vers une localité tenue secrète où elle rencontre les yakuza qui ont privatisé un hôtel avec onsen pour la séance photo. Sur les clichés, uniquement en noir et blanc, condition sine qua non du chef yakuza Oyabun, se dessinent des corps nus, uniquement parés de tatouages et de bijoux clinquants. Les gros plans sur les pièces d’encres recouvrant le dos, le torse et une partie des jambes succèdent aux plans plus large où l’on découvre les membres du groupe, à visage découverts et parfaitement reconnaissables.
Dans le sens de lecture japonais, on découvre la série Romantica, une artiste underground qui se produisait alors dans les théâtres d’avant-garde du Japon. Lors d’un passage à Paris avec son impresario, elle entre en contact avec Irina Ionesco, qui la photographie dans la capitale française avant de poursuivre sa série au Japon. Là encore, le corps est nu, tantôt recouvert de tulle, tantôt à moitié subtilisé aux regards par un kimono.
Les photographies de l’ouvrage Le Japon interdit ont été exposées, avant d’être compilées sur papier glacé, lors d’une exposition à la galerie Parisienne de la rue Mazarine à Paris. Les tirages photographiques uniques sont disponibles sur commande sur le site de la galerie Arts Galerie Benchaieb.
Japon interdit (2004), un livre de photographies par Irina Ionesco publié par Arts Galerie Benchaieb.
© Irina Ionesco - Arts Galerie Benchaieb
© Irina Ionesco - Arts Galerie Benchaieb
© Irina Ionesco - Arts Galerie Benchaieb
© Irina Ionesco - Arts Galerie Benchaieb
© Irina Ionesco - Arts Galerie Benchaieb
© 2004 arts Galerie Benchaieb . tous droits réservés
LES PLUS POPULAIRES
-
“Les herbes sauvages”, célébrer la nature en cuisine
Dans ce livre, le chef étoilé Hisao Nakahigashi revient sur ses souvenirs d’enfance, ses réflexions sur l’art de la cuisine et ses recettes.
-
Shunga, un art érotique admiré puis prohibé
Éminemment inventives, se distinguant par une sexualité libérée, ces estampes de la période Edo saisissent des moments d'intimité sur le vif.
-
Le périple enneigé d’un enfant parti retrouver son père
Le film muet “Takara, la nuit où j'ai nagé” suit un jeune garçon sur la route, seul dans un monde d'adultes qu'il a du mal à appréhender.
-
L'homme qui construisait des maisons dans les arbres
Takashi Kobayashi conçoit des cabanes aux formes multiples adaptées à leur environnement et avec un impact limité sur la nature.
-
Les illustrations calligraphiques d'Iñigo Gutierrez
Inspiré du “shodo”, la calligraphie japonaise, l'artiste espagnol établi à Tokyo retranscrit une certaine nostalgie au travers de ses oeuvres.