Naoya Hirata, des readymade à l’ère du numérique

01.10.2019

TexteRosa Martin

©naoya HIRATA "Magic carpet" 2018

En 1917, Marcel Duchamp bouscule la scène artistique avec ses readymade. L’artiste japonais Naoya Hirata les revisite aujourd’hui dans une version numérique. À partir de modèles en trois dimensions disponibles gratuitement sur internet, il réalise des compositions uniques évoquant des collages.

Diplômé du Département de Sculpture de la prestigieuse université d’art de  Musashino, Hirata ne s’était jamais projeté dans ce genre de création lorsqu’il était étudiant. Cet aboutissement semble pourtant tout naturel quand on sait que l’artiste a grandi avec la vague de l’internet des années 90, et qu’il est lui-même amateur de jeux vidéo. Phénomène étrange, ses sculptures composées de juxtapositions d’éléments aussi disparates qu’une bicyclette, une pagode, un nez et un melon, nous entraînent dans leur excentricité empreinte de folie.

Naoya Hirata optimise l’espace virtuel en créant des compositions qui pourraient difficilement prendre forme hors de nos écrans. Cet espace, répondant à des règles et dimensions propres, ne nécessite aucun matériel coûteux. Les œuvres sont stockées sans frais sur le compte Instagram de l’artiste, parfaitement préservées de l’épreuve du temps.

Bien que réalisées dans un espace en trois dimensions, les sculptures ne sont observables qu’en deux dimensions, ou imprimées sur papier photographique à l’occasion d’expositions en galeries. Hirata nous révèle les rapports entre réalité, réalité virtuelle, et perception en 2D et 3D.

À mesure que davantage de nos actes quotidiens deviennent dépendants de l’espace numérique – achat, communication, éducation, notamment – Hirata semble nous suggérer que la création et l’appréciation de l’art trouvent aussi leur place dans cet espace, sans pour autant devenir moins réels.

©naoya HIRATA "Tower" 2018

©naoya HIRATA "Adventure" 2018

©naoya HIRATA "Ouija #5 (Penelope)" 2018

©naoya HIRATA "Janus" 2018

©naoya HIRATA "Wild view" 2018