Quand la mémoire refait surface grâce aux tatouages

Le livre “The Tattoo Writer” permet de lever le voile sur la passion d'Akimitsu Takagi, l’un des grands romanciers japonais contemporains.

10.01.2023

TexteHenri Robert

Sans titre © Akimitsu Takagi, avec l'aimable autorisation de Pascal Bagot.

Notamment connu pour l’ouvrage Irezumi (1948), vendu à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires, Akimitsu Takagi — né en 1920 sous le nom de Seiichi Takagi — a marqué l’univers du roman policier de l’ère Showa. Si « le tatouage » est au cœur de ses écrits, des archives photographiques de l’auteur apportent un témoignage unique sur cet univers, et notamment sur la place qu’y occupent les femmes, loin des clichés.

Découvertes en 2017 par le journaliste français et spécialiste du tatouage au Japon, Pascal Bagot, lors d’une rencontre avec Akiko Takagi, la fille d’Akimitsu, ces archives sont dévoilées en 2022 dans l’ouvrage The Tattoo Writer, réunissant 130 photographies moyen-format.

 

Une histoire et une œuvre participatives

La passion pour le tatouage, ses acteurs et ses amoureux d’Akimitsu Takagi fait écho à son histoire personnelle. Enfant, l’image d’une femme tatouée dans un bain public le marque. Il se rapproche ensuite de ce milieu, et y noue des amitiés à l’occasion des recherches préliminaires à ses romans.

Les photographies réalisées entre 1955 et 1965 documentent le travail des plus grands tatoueurs de l’époque : Horiuno II, Horiuno III, Horigoro II et Horigoro III ou encore Horiyoshi II, tatoueur du quartier d’Azabu. Elles présentent aussi bien les tatouages réalisés sur les corps des clients que ceux arborés par les membres de l’Edo Choyukai — l’un des plus anciens (voire le premier) club de tatoués et ce, dans plusieurs contextes, dont des rassemblements en extérieur.

Pour réaliser The Tattoo Writer (bilingue anglais/français), des photographies ont été scannées à partir des négatifs originaux, un projet rendu possible par une campagne de financement participatif. L’ouvrage comprend un témoignage d’Akiko Takagi, la fille d’Akimitsu, et de Gérald Peloux, universitaire français spécialisé dans l’histoire de la littérature policière au Japon.

Pascal Bagot a notamment co-réalisé le documentaire sur le sujet La voie de l’encre (2009). En 2014, il est conseiller scientifique pour l’exposition Tatoueurs, tatoués au Musée du quai Branly-Jacques Chirac à Paris.

 

The Tattoo Writer (2022), un livre de photographies d’Akimitsu Takagi édité par Pascal Bagot.

Sans titre © Akimitsu Takagi, avec l'aimable autorisation de Pascal Bagot.

Sans titre © Akimitsu Takagi, avec l'aimable autorisation de Pascal Bagot.

Sans titre © Akimitsu Takagi, avec l'aimable autorisation de Pascal Bagot.

Autoportrait © Akimitsu Takagi, avec l'aimable autorisation de Pascal Bagot.

© Pascal Bagot