Sayumi Kudo, l’onirisme pour exprimer sa vision de la féminité
À travers ses dessins, l’artiste japonaise interroge sa condition de femme, ce qu’elle peut exprimer avec des mots, et ce qui demeure inconscient.
© Sayumi Kudo
Leurs corps dénudés, dont une partie est plongée dans un environnement fait de plumes, de fleurs, de papillons, pourraient être au cœur de l’attention du spectateur. Pourtant, ce qui frappe dans le travail de Sayumi Kudo, ce sont les regards de ces femmes, symboles des émotions qui traversent l’artiste.
Avec son stylo, sur son papier Kent, c’est principalement en noir et blanc que l’artiste, née en 1983 dans la préfecture de Saitama, s’exprime. Mais que cache donc son univers onirique ?
Affirmer sa féminité, pour la dépasser
Sa féminité, son rapport à la place des femmes dans la société sous-tendent les sentiments exprimés dans ses dessins par l’artiste, qui explique à Pen : « J’affirme et j’accepte mon statut de femme, et en même temps, je ressens des frictions, des difficultés, des contradictions. »
« Je dessine en fonction des émotions qui me traversent, de ce que je trouve beau », poursuit Sayumi Kudo. Influencée par des univers allant du manga à la mythologie, elle cite parmi ses références les peintres Munch, Gustave Moreau et Hasui Kawase, ou les illustrateurs Yoshitaka Amano et Seiichi Hayashi. Passée par la Musashino Art University, l’artiste insiste sur la place de son inconscient, né de son parcours personnel, de femme.
« J’ai actuellement 37 ans et je dessine tout en élevant mes trois enfants, comme une femme au foyer japonaise normale. J’ai été femme célibataire, expérimenté ma relation avec le sexe opposé, le mariage, et après ce mariage, eu le sentiment de souffrir du déséquilibre hormonal qui accompagne l’accouchement. »
Les femmes qui apparaissent dans ses dessins, dont l’expression associe de multiples sentiments, semblent difficiles à décrypter et donnent l’impression de subir leur condition. Ainsi, la faune et la flore apparaissant autour d’elles se veulent « une représentation visible des gens, de la société, des choses que j’aime, des choses que je n’aime pas, et de nombreux autres facteurs externes sur lesquels j’ai écrit », confie l’artiste.
L’œuvre de Sayumi Kudo exprime la tension propre au questionnement de sa féminité dans une société qui, par certains aspects, semble devenir plus tolérante, inclusive. « Je continue de penser et d’agir en tant que femme, et je ressens une sexualité indomptable, c’est mon ADN, je vais et viens entre l’affirmation de ma féminité et une lassitude de cette position de femme. »
Le travail de Sayumi Kudo est à découvrir sur sa page Facebook et sur le site de la Gallery Kitai.
© Sayumi Kudo
© Sayumi Kudo
© Sayumi Kudo
LES PLUS POPULAIRES
-
Chiharu Shiota, fils rouges de l'âme
L’année dernière, plus de 660 000 personnes ont visité la rétrospective Chiharu Shiota: The Soul Trembles au musée d’art Mori.
-
Apprivoiser la cuisine japonaise au gré des saisons avec Mirukashi Salon
Ces séjours à la campagne organisés par Prairie Stuart Wolff au contact des produits permettent de découvrir le patrimoine culinaire du Japon.
-
KAORUKO, représenter la féminité japonaise
Ancienne pop star et idole des adolescentes japonaises, cette artiste exprime aujourd’hui sa vision de la femme à travers la peinture.
-
De spectaculaires feux d'artifice nippons
Le photographe Hidenobu Suzuki a capturé les “tezutsu hanabi”, des cascades de flammes tenues à bout de bras par des hommes jusqu'à épuisement.
-
Kakurega Omakase, gastronomie japonaise en terre mexicaine
Ce restaurant, dirigé par le chef japonais Keisuke Harada, se situe sur la côte d'Oaxaca, au cœur du domaine de la fondation Casa Wabi.