Takuto Ohta construit d’étranges sculptures animées
L’architecte japonais présente ses “rubbish things”, des objets en bois capables de se déplacer sans aucune aide.

© Takuto Ohta
Objets organiques étrangement vivants, les rubbish things bougent et évoluent sans l’aide d’un quelconque moteur. Sensibles à leur environnement – aussi bien animé qu’inanimé – ces « choses » faites de bois se déplacent en fonction de ce dernier.
C’est l’architecte Takuto Ohta, né en France en 1993, qui a conçu ces intrigantes sculptures. Diplômé de l’Université d’art de Tokyo, il s’intéresse particulièrement aux relations entre les hommes et leurs créations. « Nous créons de manière inorganique. Nous utilisons des formes, des masses qui sont sensées rester immobiles. Fixées, liées par leur propre corps, celles-ci paraissent presque impuissantes », déclare l’artiste.
L’apologie de l’inutilité
Si les rubbish things n’ont, à première vue, aucune utilité, leur capacité à répondre aux mouvements d’un corps humain, à s’appuyer sur ce qui les entoure, leur confère une certaine conscience. Poussées, elles reviennent se placer à leur point de départ, trouvent des endroits confortables où s’installer, et semblent coexister, indépendamment de nous. En les observant se mouvoir, on ne peut que s’interroger : sont-elles vivantes, après tout ? Ont-elles une volonté ? « En vérité, mes choses bougent grâce au vent, et au mouvement autour d’elles. Elles sont faites de 100 tiges de bois – une référence aux mille-pattes, écrit en kanji 百足, soit 100 paires. Les mouvements de cet animal me fascinent. Lorsqu’une patte bouge, toutes les autres suivent, dans une sorte de réaction en chaîne », nous raconte-t-il.
À travers cette œuvre, Takuto Ohta fait l’apologie de l’inutilité. Les rubbish things, fascinantes, et quelque peu effrayantes, évoquent les multitudes d’objets que nous consommons, chaque jour, et que nous entassons dans nos domiciles. Une création doit-elle être nécessaire pour avoir un sens ? En élaborant ces objets de bois, l’architecte prouve qu’un accessoire dérisoire peut tout de même éblouir.
rubbish things (2019), une oeuvre de Takuto Ohta à retrouver sur son site Internet.

© Takuto Ohta

© Takuto Ohta

© Takuto Ohta
LES PLUS POPULAIRES
-
Chiharu Shiota, fils rouges de l'âme
L’année dernière, plus de 660 000 personnes ont visité la rétrospective Chiharu Shiota: The Soul Trembles au musée d’art Mori.
-
La Nakagin Capsule Tower, construction rétrofuturiste au coeur de Tokyo
Édifiée en 1972 par l'architecte Kisho Kurokawa, cette tour modulaire est l'un des rares bâtiments achevés du mouvement métaboliste.
-
Une échappée dans les sauvages îles Oki
Les “îles au large”. On ne pouvait trouver meilleure appellation pour ce chapelet de 180 îles dont 4 seulement sont habitées.
-
Umami Paris, des ingrédients japonais haut de gamme
Cette épicerie spécialisée dans les produits artisanaux de qualité se fournit directement auprès de petits producteurs japonais.
-
L'érotisme futuriste de Hajime Sorayama
L’illustrateur est le précurseur d’un hyperréalisme mêlant la sensualité à la technologie, qui met en scène des robots sexualisés.