Un requiem de coccinelles pour dépasser ses peurs
Le film d’animation “Ladybirds' Requiem” d'Akino Kondoh interroge les traumatismes de jeunesse, souvent nés d'évènements réels.

“Ladybirds' Requiem” — Akino Kondoh - Mizuma Art Gallery
Que reste t-il de nos phobies, de nos cauchemars, de ces peurs qui rythment nos enfances, et qui, au fil des années, semblent s’évaporer ? Ils restent là, dans un coin de nos têtes, et remontent parfois en faisant naître une certaine nostalgie. C’est autour de ce sujet que l’artiste japonaise Akino Kondoh a réalisé le film d’animation Ladybirds’ Requiem (2006) — présenté dans le cadre de la biennale YouTube Play du Musée Guggenheim de New York.
Née à Chiba, en 1980, Akino Kondoh est diplômée de la Tama Art University. L’artiste, installée à New York depuis 2008, produit une œuvre protéiforme, faite d’animations, de manga, de dessins et peintures.
Fantasmagorique et introspectif
Ladybirds’ Requiem est une animation de 5,38 min qui permet de jeter un autre regard sur les cauchemars récurrents de l’enfance, sur ces images symboles de peurs, dont une partie naît de notre imaginaire. Dans la vidéo, où la musique a une place prépondérante, la vision du monde d’Akino Kondoh est onirique. Le récit débute avec une scène dans laquelle une jeune fille tue accidentellement deux coccinelles. Cet incident traumatisant l’emmène dans un monde où un bouton de son chemisier se transforme en coccinelle. Elle commence alors, pour apaiser sa culpabilité et sa peur, à coudre des centaines de boutons à l’intérieur de sa jupe.
Le personnage principal du film se démultiplie au fil des scènes, naviguant entre différents environnements. Cette référence à la coccinelle est issue d’un cauchemar propre à l’artiste — dans cette vision, une coccinelle tombait de sa main, et était écrasée par une voiture.
La coccinelle est ici une allégorie des souvenirs et des épreuves de la vie plus vastes, notamment ceux propres à la femme en termes de changements physiques, des sensations liées à ces moments où humains et nature se rejoignent pour former un tout harmonieux. La curiosité est liée à l’inconnu, celui-ci fait peur, mais l’avancée dans la vie pousse à dépasser ces barrières.
Autre réalisation de l’artiste, le manga, Les Insectes en moi publié en 2009, est une série de huit histoires liées par l’entremêlement de rêves et de réalités et traversées par l’absurde qui reprend des thèmes chers à Akino Kondoh.
Ladybirds’ Requiem (2005-2006), une vidéo réalisée par Akino Kondoh, dont un aperçu est disponible sur sa chaîne Youtube.

“Ladybirds' Requiem” — Akino Kondoh - Mizuma Art Gallery

“Ladybirds' Requiem” — Akino Kondoh - Mizuma Art Gallery

“Ladybirds' Requiem” — Akino Kondoh - Mizuma Art Gallery

“Ladybirds' Requiem” — Akino Kondoh - Mizuma Art Gallery

“Ladybirds' Requiem” — Akino Kondoh - Mizuma Art Gallery
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