Une maison de l’ère Taisho révèle ses secrets
Alors qu’il visite un bâtiment abandonné, Hamish Campbell découvre des photographies prises par le propriétaire du lieu dans les années 1920.
© Hamish Campbell
Hamish Campbell, photographe et réalisateur australien, est installé au Japon depuis plus de dix ans. Amateur d’exploration urbaine, dite haikyo au Japon, il découvre une maison abandonnée située dans la région du Kansai (une des règles de l’exploration urbaine est de ne jamais donner les localisations précises des sites) suite aux conseils de son ami Florian Seidel, qui est à la tête d’un des sites les plus importants d’urbex nippone : Abandoned Kansai.
En 2015, alors qu’il se rend sur place avec son appareil photo, il découvre, derrière une porte, plus de 200 négatifs sur plaques de verre, disséminés dans ce qui semble être une chambre noire. Sur ceux-ci apparaissent des clichés pris dans les années 1920 par le propriétaire des lieux. On y découvre la maison en construction, les écoliers du quartier ou encore le photographe et sa femme lors de leur mariage, et toute une série d’autoportraits.
Des photos jumelées à un siècle d’écart
Hamish Campbell décide alors d’emmener une partie de ces plaques de verre afin de pouvoir les scanner et débuter une série autour du mélange de ces anciennes photographies et des siennes, contemporaines : The Taisho Photographer’s House. « Le fait que ces lieux existent toujours, bien que dans des conditions très modifiées puisque la maison est aujourd’hui en ruine, était une excellente occasion de relier le passé et le présent », explique le photographe dans une interview à Pen. « Cela permet de montrer l’humanité qui habitait autrefois cet espace et de nous connecter au site sous sa forme initiale, plutôt que l’envisager comme une relique ou avec une curiosité un peu malsaine. »
Les critères qui ont présidé au choix des clichés étaient précis : montrer l’histoire du lieu, sa construction et la vie quotidienne qui s’y déroulait. « Les portraits étaient importants pour montrer comment de vraies personnes utilisaient cet espace, et qu’il était autrefois bien plus que la coquille vide qu’il est maintenant », détaille Hamish Campbell. Autre impératif : sélectionner des photographies dont les angles étaient reproductibles aujourd’hui, alors que la maison de bois est actuellement quasiment éventrée par la nature qui y reprend ses droits.
« Je me demande souvent ce que le photographe penserait du petit set que j’ai choisi, je suppose que sa curation aurait été très différente », confie Hamish Campbell qui est lui même en train de construire sa propre chambre noire et qui ne peut s’empêcher de penser à son confrère du début du XXème siècle. « Je me surprends souvent à penser à son espace minuscule mais efficace, qu’il avait construit dans un coin de sa maison. »
Le photographe australien, qui travaille principalement sur le thème de l’isolement, qu’il soit géographique, temporel, émotionnel ou socio-culturel, a notamment signé une série photographique et un documentaire sur l’île volcanique d’Aogashima où vivent seulement 150 personnes, intituée Aogashima – Life among the twin calderas.
The Taisho Photographer’s House (2015), une série de photographies de Hamish Campbell à retrouver sur son site internet.
© Hamish Campbell
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