“Chronique d’Asakusa”, le Tokyo des années 1930
Le quotidien des habitants de ce quartier populaire de la capitale se dessine sous la plume de Yasunari Kawabata, prix Nobel de littérature.

© Le livre de poche
Ouvrir Chronique d’Asakusa, premier roman de Yasunari Kawabata — auparavant spécialisé dans l’écriture de nouvelles — c’est plonger dans une balade aussi visuelle que sonore et odorante. L’écrivain arpente Asakusa, quartier populaire du nord-est de Tokyo, et en livre des instantanés où tout y est décrit par le menu : les bâtiments, les murs bardés d’affiches, les parcs à la végétation luxuriante.
Yasunari Kawabata est le premier écrivain japonais à être récompensé du prix Nobel de littérature en 1968, suite à la parution de son roman Pays de neige, « pour sa maîtrise de la narration, qui exprime avec une grande sensibilité l’essence de l’esprit japonais ». Il fait du beau, de la solitude et de la mort les thèmes principaux de son œuvre. Deux ans après le suicide de Yukio Mishima qui le considérait comme son maître, Yasunari Kawabata s’est également suicidé.
La misère omniprésente
Dans Chronique d’Asakusa, on entend la musique s’échapper des salles de spectacles et les conversations animées entre marchands, tandis que les odeurs qui émanent des restaurants et échoppes ambulantes semblent arriver jusqu’à nos narines. Viennent ensuite les personnages, chacun héros ou héroïne de sa propre chronique. Le seul fil rouge du récit est Yumiko, une jeune femme à la recherche de l’amour, que l’on aperçoit dès les premières pages et qui réapparait ensuite par surprise.
L’écrivain a choisi de placer l’intrigue dans un décor particulier : celui du Tokyo des années 1930, peu de temps après que la ville ait été détruite par le tremblement de terre de 1923, et dans un quartier connu pour son côté interlope. À Asakusa se mélangent geishas, mendiants, prostituées, artistes et marchands. Un quotidien bien souvent fait de débrouille que l’écrivain n’occulte pas. Si le lecteur est plongé dans une vie qui semble battre plus fort que dans les autres quartiers de la capitale japonaise, celle-ci côtoie aussi la misère et la mort.
Chronique d’Asakusa (1988), un roman de Yasunari Kawabata publié aux éditions Albin Michel et aux éditions Le livre de poche.
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