“Chronique japonaise”, le voyage nippon de Nicolas Bouvier

L'écrivain voyageur compile dans cet ouvrage les souvenirs de son parcours dans l'archipel entre 1955 et 1970.

25.09.2020

TexteClémence Leleu

Editions Payot & Rivages

Quand Nicolas Bouvier pose la première fois le pied sur le sol japonais, il a tout juste 26 ans. Journaliste de profession, il s’installe dans la capitale, où il tente de gagner sa vie en vendant des textes à des magazines nippons, avant de se réinventer en photographe de quartier. Entre 1955 et 1956, Nicolas Bouvier déambule dans les rues tokyoïtes à la recherche des meilleurs profils à capturer sur pellicule et se mêle à une population dont il ne maîtrise ni les codes ni la langue. 

De ses pérégrinations naît un premier ouvrage, en 1967, intitulé Japon. Qui sera complété quelques années plus tard par le récit de ses deux autres séjours nippons. Celui de 1964, alors qu’il s’installe pour deux ans à Kyoto avec femme et enfants, et celui de 1970 alors qu’il se rend dans l’archipel pour l’exposition universelle d’Osaka. Ainsi naît Chronique japonaise, en 1975.

Dans ce texte, hybride entre fresque historique et carnet de voyage, Nicolas Bouvier convoque ses souvenirs et impressions de voyageur. Il y questionne aussi la place de l’étranger au Japon, destination alors encore peu visitée par les Occidentaux. Tout en entremêlant à ses réflexions personnelles une dimension plus historique en contant, depuis ses origines mythologiques, l’histoire du pays.

 

La rencontre avec l’ambivalence japonaise

« Le voyage ne vous apprendra rien si vous ne lui laissez pas aussi le droit de vous détruire. C’est une règle vieille comme le monde. Un voyage est comme un naufrage, et ceux dont le bateau n’a pas coulé ne sauront jamais rien de la mer. Le reste c’est du patinage ou du tourisme », confie l’auteur dès les premières pages. Dans Chronique japonaise, aucune vision enchanteresse du pays, qui ne lui aura pas réservé que de bonnes surprise, mais toujours un style enlevé, une écriture imagée et un humour fin qui accompagne le lecteur au fil des pages. 

Tokyo, Kyoto, Osaka, mais aussi Hokkaido ou les campagnes reculées, Nicolas Bouvier croque un Japon multiple et intriguant. Chaleureux comme distant. Et signe, avec Chronique japonaise, un ouvrage qui reste pour beaucoup une référence de la littérature de voyage. Une lecture qui s’inscrit dans la même veine que L’empire des signes de Roland Barthes, dans lequel le sémiologue couche sur le papier ses diverses expériences nippones, moins aventureuses certes, mais tout aussi empreintes de la découverte d’un pays bousculant les codes occidentaux.

 

Chronique japonaise (1975), un livre de Nicolas Bouvier, publié par les Éditions Payot & Rivages.