Le nouveau film-évènement de Julien Levy
Gloires et déboires à Tokyo
Julien Levy, cinéaste français basé à Tokyo, vient de sortir sa dernière création : Everyone Will Cheat on You Forever, un court métrage de deux minutes qui dresse le portrait d’une femme désabusée errant dans Tokyo.
Comme il nous l’explique, « Tokyo, qui fait partie des mégalopoles de haut rang sur le plan mondial, est un savant mélange de pures aberrations et d’incohérences totales. C’est pourquoi , précise-t-il, « je suis tellement captivé par le genre de femmes capables de trouver la force de tenir debout face à une réalité aussi abrupte et de vivre si courageusement leur vie. C’est aussi pour cette raison que je suis en perpétuelle quête de telles femmes dans mon travail. »
Hiko Achiha qui, indéniablement, commence à avoir le vent en poupe, tient un rôle phare dans le dernier film du cinéaste. Influencée par les dessins animés et les mangas depuis sa plus tendre enfance, elle a décidé, à l’adolescence, de devenir mannequin et de représenter la culture Harajukudans le monde. Désormais reconnue sur le plan international en tant qu’icône de mode dans le style Gothic Lolita (Goth Loli pour faire court), elle a même été amenée à participer à des défilés de mode dans des endroits tels que Shangai.
Tout en ayant gardé une sorte d’innocence d’enfant, Achiha, en tant que mannequin, a pu porter des robes lui donnant des airs d’authentique aristocrate européenne, notamment par leurs couleurs sombres et le raffinement de leurs détails. Mais cette fois, pour le film de Julien Levy, elle s’est complétement débarrassée de ce style pour adopter un nouveau look et ainsi revêtir l’apparence d’une toute autre personne.
©Julien Levy
Quelles furent les circonstances d’un changement aussi spectaculaire? «Avant, quand j’étais mannequin Harajuku» explique-t-elle, j’étais jugée selon la fidélité avec laquelle je pouvais me conformer à une image qui avait été minutieusement conçue pour moi au préalable ; une attitude plutôt austère et silencieuse. Comme je m’étais pleinement investie dans l’interprétation d’un personnage si mystérieux, c’est comme si j’étais réellement devenuecette personne, inconsciemment, dans ma propre vie. Comme si je m’étais transformée en poupée, pour ainsi dire – quelqu’un qui non seulement n’était pas autorisé à jouir de ses propres opinions, mais qui ne pouvait pas non plus laisser paraître la moindre émotion.
Afin d’échapper à cette fâcheuse situation et de se ressourcer, Achiha a pris une année sabbatique. Depuis son comeback, elle continue à accepter le même genre de projets qu’auparavant en tant que mannequin, tout en élargissant progressivement son champ d’activités, notamment en s’affichant dans le film de Levy et en travaillant en tant qu’actrice. Le réalisateur, qui l’avait rencontrée peu après son rétablissement, a eu l’idée du film en observant la façon dont elle s’était détachée de son ancien rôle de poupée, et dont elle s’efforçait de retrouver sa véritable identité.
©Julien Levy
Ce que Levy met en avant, à travers sa création artistique, ce n’est pas seulement le récit de l’acharnement d’Achiha. Son film, de surcroît, met à nu le vrai visage – impitoyable – de Tokyo, qui a bien failli, à maintes reprises, étouffer sa flamme et ternir son éclat.
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